Mozambique : la dette cachée crispe les relations avec le FMI

Les dommages collatéraux de la dette cachée découverte en avril 2016 continuent de générer des turbulences entre Maputo et le FMI. La publication de premiers résultats de l’audit commandité par le FMI évoque la persistance de «zones d’ombre» et l’incapacité des entreprises publiques ayant contracté la dette à réaliser les objectifs fixés pour 2016. Celles-ci seraient ainsi quasi dépendantes du gouvernement pour éponger leurs dettes.
Amine Ater
L'année dernière, le Mozambique avait annoncé qu'il ne pouvait pas réparer sa dette en dollar, s'obligeant ainsi à annuler son eurobond de 727 millions de dollars, alors prévu au début de l'année en cours.

L'affaire des 2 milliards de dollars de prêts cachés découverts dans les comptes d'entreprises publiques mozambicaines continue de polluer les relations entre Maputo et le FMI. En effet, l'institution internationale avait imposé au Mozambique un audit indépendant de ces comptes publics comme préalable à la reprise de son aide financière.

Zones d'ombre

Mené par le cabinet américain Kroll, l'audit se concentre particulièrement sur les comptes de trois entreprises publiques, Ematum, ProIndicus et MAM où l'essentiel des créances cachées avait été découvert. Des entreprises d'Etat qui n'ont toujours pas réussi à comptabiliser environ un quart des créances actuellement auditées.

«Au moins 500 millions de dollars de dépenses de nature potentiellement sensible restent non vérifiées et inexpliquées», a précisé le management de Kroll.

Une zone d'ombre qui a poussé les créanciers a appelé à l'organisation de négociations portant sur la restructuration de la dette. La requête intervient après la condamnation de Credit Suisse Group et VTB Bank à s'acquitter de 200 millions de dollars de frais pour l'organisation de ces prêts cachés. Du côté du FMI, l'institution s'est alarmée des «lacunes dans les informations» portant sur l'utilisation finale des créances, tout en saluant les premières publications du cabinet d'audit.

Le FMI se montre ferme

«La publication de ces documents constitue une étape importante vers une plus grande transparence concernant les prêts», s'est félicité le FMl dans un communiqué publié le 24 juin dernier. Le FMI a, rappelons-le, gelé l'ensemble de ses opérations au Mozambique depuis la découverte des dettes en avril 2016. La reprise de son programme financier est tributaire de la restructuration de ces créances.

Il n'empêche que les trois entreprises concernées par l'audit n'ont pas réussi à atteindre les 2,3 milliards de dollars de revenus d'exploitation prévus pour 2016. Selon Kroll, les ventes de ces entreprises seraient négligeables, ce qui les pousserait à s'appuyer sur le soutien financier du gouvernement pour le remboursement de la dette. D'ailleurs, une équipe du FMI devrait se rendre au Mozambique le 10 juillet pour «discuter des résultats préliminaires de l'audit et réévaluer la situation macroéconomique». Des négociations qui s'annoncent tendues alors que le FMI a précisé que les «lacunes d'information restent en particulier sur l'utilisation du produit du prêt».

En octobre dernier, Maputo avait annoncé qu'elle ne pouvait pas se permettre de réparer sa dette en dollar et s'est vue obligée d'annuler son eurobond de 727 millions de dollars au début de l'année. Le gouvernement n'a également pas pu s'acquitter des paiements sur les deux prêts découverts et garantis par l'Etat. Les arriérés pour les trois prêts totalisent quelque 490 millions de dollars.

Amine Ater

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