Sous pression, Pretoria songe à introduire l'impôt sur la fortune

Les autorités sud-africaines étudient la possibilité d'introduire dans les prochains jours un impôt annuel sur la fortune. L'objectif est de se baser sur les contributions des riches pour accroître le niveau de vie de la population majoritaire noire. Des études de faisabilité ont été confiées à un comité ad hoc qui devrait rendre sa copie d'ici le 31 mai 2017.

L'administration de Jacob Zuma veut sortir les gros moyens pour alléger le coût de la vie aux populations pauvres de son pays. Les autorités sud-africaines songent sérieusement à introduire le paiement annuel d'un impôt sur la fortune. Afin de s'assurer du succès de la mesure, une étude de faisabilité a été confiée par l'ancien ministre des finances Pravin Gordhan à un comité dirigé par le juge Dennis Davis.

Selon ce dernier qui se confiait à l'agence Bloomberg, il faudra attendre jusqu'au 31 mai pour avoir les résultats de l'étude avant de tenir des audiences en ce sens. « La répartition de la richesse en Afrique du Sud est très inégale. Il est bien établi que l'inégalité économique entrave la croissance économique et porte atteinte à la stabilité sociale, économique et politique », avait-t-il déclaré.

A travers cette mesure le gouvernement compte aussi réduire une injustice sociale dénoncée par plusieurs organismes qui estiment que les plus grosses fortunes du pays ne paient pas leurs impôts. Selon le média allemand ''Neues Deutschland'', l'Etat arc-en-ciel perd chaque année près de 160 milliards de rand (environ 10 milliards d'euro), cause du fait que «114.000 riches et richissimes ne figurent pas sur les listes du fisc». Au niveau du Trésor sud-africain, si on estime que le média germanique exagère les données, on ne s'alarme pas moins. D'après les rapports gouvernementaux, les revenus du Trésor ont subi une chute de plus de 30 milliards de rands (2,3 milliards de dollars) au cours de l'exercice écoulé, soit la plus grande contre performance en 7 ans.

Cependant, ajoute ''Neues Deutschland'' toutes les initiatives du gouvernement prises pour remédier à cet état de fait sont vouées à l'échec à cause des pressions émises par les lobbies de cette ''élite économique'' sur le pouvoir afin d'empêcher toute forme de réforme dans  ce sens.

Jacob Zuma sous pression

Ce projet du gouvernement sud-africain d'introduire l'impôt sur la fortune n'est pas isolé. Le chef de l'Etat, Jacob Zuma a lancé tout récemment une idée de ''transformation économique radicale'' du pays. Il s'agissait d'effectuer un certain nombre de réformes qui devraient permettre de relancer l'économie du pays en panne depuis bientôt 2 ans et qui voit la majorité noire du pays s'enliser dans la misère. C'est dans ce cadre que le gouvernement a, il y a deux mois, augmenté de 4% le taux d'imposition qui s'établit désormais à 45%. Aujourd'hui sous l'effet de la dégradation des notes souveraines du pays, le déficit budgétaire de l'Afrique du sud est estimé à 3,1% du PIB avec une conséquence directe sur l'emploi. Le taux de chômage a ainsi grimpé à 26,5%à fin 2016. Une situation très inquiétante pour le gouvernement.

Dans un contexte où la population pauvre d'Afrique du sud est majoritairement noire, la crise économique affecte plus les noirs que les blancs. Le gap social et économique du pays ne cesse de prendre de l'ampleur dans ce contexte. Avec les diverses manifestations de ras-le-bol sur le territoire ces derniers temps, il y a de quoi s'inquiéter. L'impôt sur la fortune pourrait peut-être apaiser un peu les tensions croissantes.

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