Le Maroc maintient sa stratégie de diversification de ses partenaires internationaux lancée en 2014. Amorcée il y a deux ans avec un glissement vers la Russie et la Chine, celle-ci vise à équilibrer les rapports internationaux du Royaume, autrefois marqués par une forte coopération avec l'Union européenne (notamment la France et l'Espagne) et les Etats-Unis.
Rabat diversifie ses partenaires
Cette stratégie coïncide avec le retour en force de la diplomatie russe en Afrique du Nord ou encore au Proche et au Moyen-Orient. Moscou a ainsi sorti le tapis rouge lors de la visite effectuée par le Roi Mohammed VI en mars 2016, qui s'était soldée par la signature de 16 accords de coopération entre les deux pays portant sur les domaines de l'agriculture, de l'énergie et de la culture.
La visite du Premier ministre russe, Dimitri Medvedev à Rabat (11 au 12 octobre) à Rabat, s'inscrit dans cette optique et s'est soldée par la signature de 11 accords de coopérations dans les domaines douanier, agricole, militaire, diplomatique, administratif, commercial, culturel et en matière d'efficacité énergétique, énergie renouvelables ou encore sur l'usage pacifique de l'énergie nucléaire.
Ces accords ont été signés en présence de Saâdedinne El Otmani, chef du gouvernement marocain et de membres des gouvernements et de responsables des deux pays. Le premier accord conclu porte sur un protocole entre les douanes marocaine et russe sur l'échange d'informations préalables à l'arrivée des marchandises et des véhicules se déplaçant entre le Maroc et la Fédération de Russie. Le second accord porte sur un mémorandum d'entente sur la coopération dans le domaine agricole.
Coopération militaire
Cette moisson d'accords comporte également un volet militaire, visant à renforcer la coopération en la matière. Alors que les achats en armement et en technologie militaire de l'Algérie provenaient à 81% de Russie pour un total de 7,4 milliards de dollars entre 1999 et 2014, l'achat de matériel militaire russe par le Maroc ne représentait pour la même période que 4% de l'ensemble des acquisitions militaires marocain, soit 156 millions de dollars.
Un gap que Moscou compte réduire par la conclusion d'un accord sur la protection réciproque des produits de l'activité intellectuelle et la protection de la propriété intellectuelle dans le cadre de la coopération bilatérale dans le domaine militaro-technique. En clair, cet accord devra faciliter l'acquisition de brevets industriels russes qui seraient utilisés par la suite par les unités de fabrication d'armements lancées en 2016.
Une partie de ces unités de production est issue d'une joint-venture entre le Maroc, le belge Mecar (filiale du français Nexter) et du britannique Chemring. D'un coût global de 31 millions de dollars, cette usine sera spécialisées dans la fabrication de munitions moyennes et lourdes. D'ailleurs, l'Arabie Saoudite s'est engagée à financer la mise en place d'une industrie militaire au Maroc, à hauteur de 22 milliards de dollars. Un projet qui devrait être accompagné par des géants de l'aéronautique déjà présents au Maroc, à savoir Bombardier, Airbus et Thales.
Liens économiques renforcés
En matière d'énergie, deux mémorandums d'entente ont été signés, avec un premier dans le domaine de l'efficacité énergétique et un second portant sur les énergies renouvelables. S'y ajoute un accord relatif à la mise en place au Maroc d'une unité permettant de regazéifier du gaz naturel liquéfié en provenance de Russie ou encore un mémorandum d'entente visant à renforcer la collaboration maroco-russe dans le domaine de l'énergie nucléaire. Les deux parties ont également conclu des accords portant sur la diplomatie, l'assistance administrative, la coopération culturelle et l'éducation.
Les échanges commerciaux entre le Maroc et la Russie connaissent une croissance soutenue, passant de 200 millions de dollars en 2001 à 2,5 milliards de dollars en 2016. Moscou occupe ainsi la neuvième position en tant que fournisseur du Royaume et la vingt-deuxième place en tant que client.
Cette visite de Medvedev à Rabat vient après celle effectuée les 9 et 10 octobre à Alger et où ce dernier a rencontré le président Abdelaziz Bouteflika. Cette escale algérienne s'est soldée par la signature de 5 accords portant sur la coopération judiciaire, la santé, la formation professionnelle, les hydrocarbures et l'énergie nucléaire civile.
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