Afrique du Sud : l’industrie minière officiellement déclarée « en crise »

En début d’année déjà, la profession exprimait son inquiétude quant à la pérennité de l’industrie minière sud-africaine, en raison de la vétusté des mines d’or notamment. A présent, la Chambre des mines déclare le secteur « en crise ». Mais la situation actuelle laisse entrevoir un bras de fer suite à la nouvelle charte du ministre de tutelle. Explications.
Ristel Tchounand

C'est sans ambages que Roger Baxter, directeur de la Chambre des Mines d'Afrique du Sud, l'a déclaré hier, vendredi 8 septembre, à l'Africa Down Under 2017, une conférence minière qui se tenait à Perth en Australie : l'industrie minière sud-africaine est en « en crise ».

Devant un parterre de responsables étatiques et d'investisseurs venus du monde entier, la Chambre a dressé un tableau sombre d'un secteur qui, historiquement, a toujours particulièrement intéressé les compagnies internationales. Il a noté entre autres, la chute du poids de l'industrie minière dans l'économie sud-africaine au cours des deux dernières décennies, les pertes accumulées de plus 30 milliards de rand en 2015 dues au ralentissement des investissements ces dernières années, ou encore l'activité d'extraction de platine à 65% déficitaire en 2017...

Le ministère de tutelle mis en cause

Selon Roger Baxter, la situation actuelle du secteur trouverait également sa source dans l'incertitude politique régnante sur le pays, et un « problème de gouvernance » au niveau des administrations. Ceci aurait comme effet de susciter des inquiétudes chez les investisseurs quant à la sécurité des potentielles mises de fonds. En public, le patron de la chambre des mines a également pointé le management du ministre des Ressources minières.

« Il existe un certain nombre de facteurs critiques qui influent sur l'attractivité des investissements miniers en Afrique du Sud, y compris le fait que l'industrie minière a perdu confiance en le ministre des Ressources minérales. [...] les Principaux défis de gouvernance et de politique dans le pays ont érodé la confiance des investisseurs, sapant les investissements », a déclaré Baxter, soulignant que face aux contre-performances enregistrés ces deux dernières années, « le ministre des Ressources minérales n'a rien proposé pour aider l'industrie à traverser la crise ».

Selon la Chambre des mines, la confiance des compagnies minières en Afrique du Sud est à son niveau le plus bas depuis plus de trois décennies.

Nommé par le président Jacob Zuma le 23 septembre 2015, Mosebenzi Zwane fait l'objet de vives critiques depuis l'examen de la nouvelle charte du secteur minier révélée le 15 juin dernier qui ambitionne de relever l'actionnariat noir dans les mines à 26%. Ce jour-là, selon la Chambre des mines, la capitalisation boursière combinée des entreprises minières cotées à la Johannesburg Stock Exchange (JSE) a dégringolé de plus de 50 milliards de livres. Mais également présent à la conférence de Perth, le ministre s'en est défendu, affirmant qu'après son récent roadshow, il avait un bon retour des investisseurs.

Depuis plusieurs mois, le secteur minier en Afrique du Sud connait beaucoup de remous. Entre la vétusté des mines d'or décriée par les opérateurs en mars dernier, la question de la réforme du secteur qui l'objet d'un bras fer entre le département de tutelle et une bonne partie de la profession, ou encore celle de l'actionnariat noir dans les entreprises minières, les autorités ont de quoi faire travailler leurs méninges. Dans un tel contexte, des mesures urgentes pour assainir un secteur cher à l'économie sud-africaine sont de mise. Et un bras de fer entre opérateurs et autorités de tutelle ne risque pas d'arranger les choses de si tôt.

Ristel Tchounand

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