Vie chère en Côte d’Ivoire : les prix des denrées plafonnés

Faire atterrir dans le panier de la ménagère, la croissance ivoirienne tant magnifiée par les organismes internationaux. C’est à ce difficile exercice que le gouvernement se plie avec l’annonce du plafonnement des prix des denrées de base sur le marché ivoirien pour lutter contre la vie chère. Mais la mesure qui s’accompagne de sanctions aux contrevenants fait déjà grincer des dents les commerçants et importateurs.
Ibrahima Bayo Jr.

«Croissance-là, est-ce que ça se mange ?». La blague était devenue récurrente dans la bouche des Ivoiriens à chaque fois que leur gouvernement les abreuver de chiffres pour justifier la bonne santé économique du pays.

En réponse, l'équipe d'Amadou Gon Coulibaly a adopté, le 12 juillet dernier en conseil des ministres, un décret signé par Alassane Ouattara qui plafonnera les prix des principales denrées de première nécessité dans un pays où les dépenses alimentaires représentent 27% du budget des ménages.

Pour éviter la spéculation

Première denrée concernée par ce plafonnement, le riz dont la Côte d'Ivoire importe quelque 1 200 millions de tonnes par an, mais aussi le sucre, protégé par des mesures d'interdiction d'importation. Sur la liste des prix plafonnés, ceux de la tomate concentrée, de l'huile de table et du ciment (tableau ci-dessous)

Tableau de plafonnement des prix

 «Ces produits font l'objet de pratiques spéculatives, alors que lutter contre la spéculation sous toutes ses formes, c'est lutter contre la vie chère», a annoncé Aimé Koizan, directeur du Commerce intérieur au ministère ivoirien du Commerce, lors d'une conférence de sensibilisation aux nouvelles mesures.

Une sensibilisation qui devrait se poursuivre jusqu'au 12 août prochain avant l'application d'un contrôle «strict et régulier» du plafonnement par des contrôles tant à la production qu'à la distribution. Les contrevenants qui n'appliqueraient pas les prix indiqués à l'annexe du décret gouvernemental encourent une amende qui peut atteindre 50 millions de francs CFA, en plus d'une saisie de marchandises ou la fermeture du point de vente.

Les commerçants pas contents, la croissance dans les assiettes

«Les commerçants ivoiriens ne sont pas des philanthropes», proteste Farikou Soumahoro, président de la Fédération nationale des associations des commerçants de Côte d'Ivoire (Fenacci) qui invite le gouvernement à une réorganisation du secteur. D'un autre côté, ce représentant des professionnelles du commerce estime que les prix pratiqués par les commerçants sont tributaires de la conjoncture internationale.

«Si les commerçants doivent acheter des denrées sur le marché international à des prix, et les revendre à des prix plus bas en Côte d'Ivoire à cause du plafonnement, c'est clair qu'ils choisiront de ne pas acheter ces denrées. Dans ces conditions, on ira vers une pénurie de certaines denrées», souligne Farikou Soumahoro.

Pour l'heure, avec des cours du cacao -dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur- en berne qui interviennent dans un contexte de coupes budgétaires, la mesure gouvernementale devrait permettre de calmer un front social marqué par les mutineries et où on dénonce régulièrement la cherté de la vie.

Le taux de croissance de 8% en 2016 pourrait poursuivre son rythme cette année avec une inflation de 1% et un déficit budgétaire de 4%. Des chiffres qui trouvent un sens auprès des Ivoiriens qui vont enfin ressentir leurs répercussions dans le panier de la ménagère. Avec un plafonnement des prix, le garba*, le foutou banane* ou l'alloco poisson* vont se bousculer dans les assiettes !

* Plats ivoiriens populaires

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaire 1
à écrit le 21/08/2017 à 15:06
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1200 millions de tonnes de riz? Chaque ivoirien consommerait donc plus de 50 millions de tonnes de riz par an? Quel appétit!

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