Mines : la Tanzanie suspend l’octroi de toute nouvelle licence

La Tanzanie poursuit sa stratégie d’assainissement de la gestion de ses ressources. Après l’interdiction de l’exportation des minerais bruts et non traités, le président de la République, John Magufuli, vient de suspendre l’octroi de nouvelles licences minières aux investisseurs tant étrangers que nationaux. Entre temps, les licences déjà en cours seront passées au peigne fin, histoire de déterminer à quel point l’économie du pays tire profit de la richesse de son sous-sol.
Ristel Tchounand

Jusqu'à nouvel ordre, le président tanzanien, John Magufuli, ne veut plus entendre parler d'octroi de nouvelles licences minières aux investisseurs, étrangers comme nationaux. Il a donné ses ordres dans ce sens, mardi 4 juillet, au ministère de l'Energie et des Ressources minérales. Parallèlement, le gouvernement passera à la loupe les différentes licences déjà en cours.

« Toutes les licences minières accordées par le gouvernement devraient être réexaminées pour vérifier dans quelle mesure le gouvernement en tire bénéfice », a déclaré le locataire de la State House de Dar es Salam.

Riche en ressources minières, le sous-sol tanzanien abrite d'énormes quantités d'or et de diamant -deux minerais qui constituent d'ailleurs la moitié du commerce extérieur du pays- mais aussi de l'uranium, du fer, des phosphates et de nombreuses pierres précieuses. Cette richesse minière a fait du pays une destination privilégiée pour les compagnies internationales qui y exploitent depuis de nombreuses années de vastes espaces. Magufuli quant à lui estime que ces ressources appartiennent aux Tanzaniens et qu'ils devraient être les premiers à en bénéficier.

Les ressources locales pour l'économie locale

Depuis son accession au pouvoir le 5 novembre 2015, John Magufuli ne lésine pas sur les efforts d'assainissement dans la gestion des affaires du pays. Entre la campagne de chasse aux corrompus, la restructuration d'Air Tanzania ou encore les contrats avec les Chinois pour la construction de nouvelles usines pour booster l'industrie, le locataire de la State House de Dar Es Salam fait tout pour maintenir son économie au top et éradiquer tous les fantômes qui l'empêchent de briller davantage. Pour rappel, la Tanzanie est aujourd'hui considérée comme l'un des pays d'Afrique aux meilleurs rythme de croissance. Dans un contexte international un peu difficile en 2016, ce pays d'Afrique de l'Est a vu la croissance de son PIB légèrement ralentir de 30 points de base à 6,9%, contre 7,2% en 2015. En 2017, le pays entend renouer avec ses performances d'il y a deux ans et prévoit pour cette année une croissance de 7,2%.

Dès les premiers jours de cette année, Dar es Salam a jeté les bases d'une politique stricte en ce qui concerne son secteur minier, important maillon de son commerce extérieur. S'inscrivant dans une volonté de développer une industrie minière locale, le gouvernement a interdit en mars l'exportation de minerais bruts et non traités. A partir de ce moment, l'octroi de licences devait se faire avec précaution, avec la permanente recommandation de s'assurer que la Tanzanie bénéficie au mieux de ces contrats. Mais il semble que l'affaire Acacia qui a éclaté en juin dernier n'ait pas arrangé les choses. Suite à des investigations menées par l'Etat en effet, le britannique Acacia Mining a été accusé de sous-déclarations des quantités de minerais exportés et de fraude fiscale. Depuis, Dar Es Salam se veut encore plus prudente, voire même méfiante, dans la gestion de ses ressources minières.

Ristel Tchounand

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