Gambie : la finance islamique pour booster le secteur privé

Depuis le retour au calme politique, la Gambie s’active pour relancer la machine économique mise aux arrêts pendant plusieurs mois dans le sillon de la dernière présidentielle. Après les récents projets et investissements annoncés, la finance islamique se profile comme un autre pourvoyeur crucial pour l’économie locale.
Ristel Tchounand

5 millions de dollars. C'est le montant que vient de recevoir la Banque arabe islamique de Gambie (Agib Bank) de la société islamique pour le développement du secteur privé (SID) dans le cadre d'accords de financements, indique un communiqué de cette dernière rendu public jeudi 8 juin. Selon la même source, il s'agit d'une « collaboration stratégique conjointe pour financer des activités des entités du secteur privé en Gambie ».

En pratique, ce financement vise à accélérer le développement du secteur privé, soutenir l'économie, renforcer le bilan d'Agib Bank, à l'amélioration du niveau de vie de la population en créant des emplois, en générant des recettes fiscales pour le gouvernement. L'autre objectif ultime est en outre de favoriser la finance islamique dans le pays. C'est d'ailleurs l'une des principales vocations de la SIB, filiale privée de la Banque islamique de Développement (BID), qui ambitionne depuis quelques années d'étendre ses activités en Afrique afin d'« accroître la demande pour la finance islamique sur le continent ».

« Nous sommes heureux d'étendre la prochaine ligne de financement à Agib Bank Ltd, ce qui renforcera l'impact du développement socio-économique et facilitera l'accès au secteur des entreprises de Gambie », a déclaré Mohammed Alammari, Directeur de la vérification interne de la SID.

Favoriser l'émergence des entreprises

Créée en 1994 sous la coupole d'un investisseur nigérian, Agib Bank exerce pleinement en tant qu'institution bancaire depuis le 12 septembre 1996, date à laquelle elle a obtenu son agrément de la banque centrale. La Gambie disposant d'une population majoritairement musulmane, environ 90% de ses 1 967 709 d'habitants, Agib Bank a pu bien réussir à intégrer dans l'esprit des gens la philosophie de la finance islamique. Racheté en 2014 par le millionnaire gambien Muhammed Jah (qui possède également la société technologique QuantumNet), la Banque a depuis évolué au point de trouver sa place parmi les meilleures banques du pays.

A travers ce nouveau financement décroché, l'homme d'affaires entend offrir encore plus de facilités aux entreprises gambiennes afin de contribuer à la fluidité du système économique.

« Agib Bank s'engage à renforcer sa position dans le secteur bancaire en tant qu'institution de crédit fiable et moderne, fournissant un large éventail de services bancaires et soutenant le secteur privé en Gambie. Dans le cadre de ce partenariat [avec la SID, ndlr], nous visons à soutenir davantage les entreprises du pays pour qu'elles atteignent leurs potentiels les plus élevés », Muhammed Jah, président et actionnaire majoritaire d'Ajib Bank.

Pour une économie plus forte

Depuis l'accession au pouvoir du président Adama Barrow en janvier 2017, la Gambie tente de rompre avec l'ère Jammeh où les bailleurs de fonds avaient déserté le pays. D'ailleurs l'Etat étant à cours de moyens financiers, le nouveau locataire de la State House de Banjul a, dès sa prise de fonction, réalisé une tournée européenne pour mobiliser des fonds. Désormais, les pistes stratégiques sont multipliées afin de relancer la machine économique et redorer l'image de ce petit Etat d'Afrique de l'Ouest sur la scène internationale. Cela se concrétise notamment par la multiplication des projets et investissements dans tous les domaines, donnant lieu à des partenariats divers. En février dernier, l'Union européenne signe une promesse d'aide au développement de 75 millions de dollars. En mai, Afrieximbank décide de miser 500 millions de dollars sur les secteurs clés de l'économie gambienne, tandis que la Chine s'engage à financer la construction d'un centre international des conférences à Banjul pour 50 millions de dollars.

A présent, la BID renforce son implication dans le relèvement de l'économie gambienne, démontrant ainsi sa volonté de promouvoir la finance islamique comme pilier du développement. En effet, l'enveloppe mise à disposition par la SIB est la deuxième offerte par une filiale de la BID. Il y a quelques semaines, c'est la Société islamique internationale de financement du commerce (SIFC) qui annonçait le déblocage sur trois ans de 210 millions de dollars pour l'importation de produits pétroliers et d'engrais, ainsi que le pré-financement des campagnes d'exportation d'arachides et de noix de cajou.

Très prochainement, le tourisme pourrait lui aussi connaitre de nouveaux investissements sous l'impulsion du gouvernement qui ambitionne de redonner à ce secteur (qui emploie près de 10 000 personnes et représente environ 20% du PIB) son éclat d'antan.

Ristel Tchounand

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