Zambie : un nouveau round en mai avec le FMI pour signer le Plan Marshall

Croissance en panne, situation humanitaire inquiétante, budget insuffisant... Les maux de la Zambie sont multiples et nécessitent une intervention internationale. C'est exactement ce que souhaite obtenir Lusaka qui s'accroche à sa demande auprès du FMI, pour un prêt sans intérêt de 1,6 milliard de dollars. L'institution monétaire insiste quant à elle pour que le régime en place reste sur sa promesse de serrer la ceinture.

La Zambie sera-t-elle aidée par le FMI dans les semaines qui viennent ? La réponse sera décidée probablement en mai, puisque l'institution monétaire a décidé d'envoyer une mission au pays le mois prochain afin de poursuivre les pourparlers autour d'un Plan Marshall pour soutenir l'économie du pays. Un plan qui se traduit en termes monétaires par une aide de 1,6 milliard de dollars, réclamée par le gouvernement, en plus d'une série de réformes structurelles. La visite intervient après un premier échec de conclure un accord à Washington ce mois-ci.

"Des progrès ont été réalisés, mais les discussions sur les programmes n'ont pas encore été conclues", a déclaré à la presse, ce vendredi 28 avril, Alfredo Baldini, le représentant du fonds en Zambie. Le ministre des Finances zambien, Felix Mutati, avait espéré, quant à lui, conclure le contrat du prêt pour augmenter les réserves de change de la Zambie pendant les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington. Le gouvernement a d'abord signalé son intention de signer un accord en 2014, mais a fait face à plusieurs retards depuis. Le FMI cherche ainsi à obtenir du gouvernement un engagement pour appliquer une série de réformes afin de redresser les indicateurs macroéconomiques du pays.

Une énième alerte

En effet, cela fait quelques années que les alertes relatives à l'état critique des finances du pays se succèdent. Avant le FMI, Standard & Poor's avait jugé les possibilités de financement budgétaire de la Zambie de «faibles et limitées». L'ardoise nette de la dette zambienne serait équivalente à 55 % du PIB. La capacité d'importation du pays ne dépasserait guère les trois mois. Tout comme exprimé par le FMI et la Banque mondiale, S&P encourage le gouvernement à adopter une politique d'austérité, doublée d'un long processus de réformes structurelles.

Avec les chutes successives des prix des métaux, cela fait des années que le deuxième producteur de cuivre de l'Afrique lutte pour combler son déficit budgétaire. La crise énergétique que vit la Zambie depuis plusieurs mois a empiré la situation, provoquant le ralentissement de la croissance économique le plus important depuis 1998.

Les couches vulnérables exposées à la malnutrition

A côté de cet état de fait, c'est une situation humanitaire fort inquiétante qui vient s'ajouter au lot. Selon les experts de l'ONU, environ 60 % de la population zambienne vit en dessous du seuil de la pauvreté, notamment chez les petits agriculteurs. Vu la saison de sécheresse que traverse le pays, les experts onusiens s'inquiètent des risques de malnutrition. Selon leurs rapports, environ 40 % des enfants de moins de cinq ans ont une taille inférieure à la moyenne. Une autre mission des Nations Unies sera en visite dans le pays du 3 au 12 mai pour mieux évaluer la situation. Le Rapporteur spécial de l'organisation, Hilal Elver, a annoncé vouloir fournir des recommandations politiques pour favoriser la réalisation du droit à l'alimentation. Elle discutera avec le gouvernement des options pour assurer une plus grande inclusion pour les personnes vulnérables et la protection des ressources de la Zambie pour l'avenir.

 Ainsi, il devient sûr que le pays n'est pas capable de s'en sortir seul. D'ailleurs, son budget pour l'année 2017, arrêté à 6,6 milliards de dollars, ne sera pas suffisant pour sortir du gouffre. Selon le gouvernement, le besoin s'estime à plus d'un demi-milliard de dollars d'emprunts extérieurs pour permettre d'équilibrer le budget national et relancer l'économie.

Austérité et investissements dans l'énergie et les infrastructures

Si le prêt est accordé -ce qui est fort probable, à condition que le gouvernement d'Edgar Lungu valide les préalables du FMI- il servira à couvrir les dépenses sociales et la construction d'infrastructures. En effet, fortement impacté par la baisse des prix du cuivre et du Cobalt, la Zambie devrait financer des projets d'infrastructures pour exploiter certains de ces gisements les moins accessibles. Le secteur énergétique devrait lui aussi bénéficier des investissements du gouvernement afin de pallier le déficit énergétique du pays. D'ailleurs, une bonne partie de la dette du pays se rapporte à des prêts et des garanties pour financer des projets de productions d'électricité, dont le plus récent est estimé à 1,5 milliard de dollars, pour lequel l'Etat a donné sa garantie pour la construction d'une centrale hydroélectrique. Du bon côté, la découverte de pétrole qui a été annoncée fin 2016 devrait redonner confiance aux dirigeants du pays. Mais avant cela, la Zambie devrait d'abord s'atteler à la relance de son économie pour, peut-être, voir les investisseurs revenir.

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