Burkina-Faso : opération séduction pour financer le plan de développement

Le Burkina compte sur la conférence des investisseurs qui s'ouvre aujourd'hui à Paris pour tenter de réunir une partie de l'enveloppe pour financer son plan de développement. Mais au-delà du Burkina, s'installe une tendance au recours automatique à l'extérieur pour redresser les pays.
Ibrahima Bayo Jr.
Le président burkinabé, Roch Marc Kaboré accueilli à l'Elysée par le chef de l'Etat français, François Hollande lors de sa visite en avril 2016

« Si nombreux que soient les travaux finis, ceux qui restent à faire sont plus nombreux ». Ce proverbe burkinabé illustre bien la situation actuelle du Burkina-Faso. La page Compaoré tournée, le « pays des hommes intègres » veut se mettre sur les rails du développement. Pour le gouvernement de Roch-Marc Christian Kaboré, la croissance se fera à travers le plan quinquennal 2016-2020 baptisé Plan national de développement économique et social (PNDES). Seulement, le reste des travaux butent sur la question du financement.

Opération de charme pour réunir 30 milliards de dollars

A la tête d'une importante délégation, le président burkinabé et son premier ministre, Paul Kaba Thiebale participent ce mercredi 7 et ce jeudi 8 décembre à Paris, à une conférence des bailleurs de fonds pour le Burkina à laquelle plus de 700 participants sont attendus pour deux jours d'échanges et de rencontres BtoB.  Les deux hommes se feront les sherpas d'un pays qui veut vanter ses secteurs ouverts à des investissements et mettant en avant son climat des affaires. L'objectif est de démarcher les investisseurs bilatéraux et multilatéraux des secteurs publics et privés pour tenter de lever environ 30 milliards de dollars pour financer le PNDES.

Outil de coordination des actions gouvernementales, ce plan quinquennal de réorganiser la gouvernance économique en réformant les institutions du pays et porter le taux de croissance à 8% par an jusqu'en 2020. Le PNDES ambitionne aussi de réduire les inégalités et faire reculer la pauvreté de 40% à 35% d'ici 2020 par la création de 50.000 emplois par an notamment pour les jeunes et les femmes. Les priorités seront également l'accès à l'eau, la santé, l'éducation et la formation professionnelle. Le PNDES veut aussi accélérer le développement du secteur industriel notamment l'agroalimentaire et l'industrie minière.

Un chantier pharaonique dont l'enveloppe de financement est estimée à 30 milliards de dollars. L'Etat burkinabé va apporter 64% de cette enveloppe soi quelque 20 milliards. En partenariat avec la Banque mondiale le Burkina-Faso compte le mobiliser le complément de cette enveloppe auprès de ses partenaires traditionnels. Les premiers signes de succès de la conférence bruissent déjà à la veille de cette conférence de l'espoir. Standard and Poor's, l'agence américaine de notation financière avait estimé dans un communiqué diffusé le 5 décembre, que la situation économique du Burkina était positive notamment avec le boom de la production d'or et la reprise dans le secteur du coton. S&P a ainsi maintenue sa notation à B-/B confirmant son évaluation.

Une tendance continentale à privilégier l'aide extérieure

La tendance sur le continent est à la bousculade aux portes des institutions bancaires internationales, des organisations régionales de pays occidentaux pour trouver les donateurs. A la suite de la Centrafrique et de la Tunisie qui ont tenu des rendez-vous similaires respectivement début et fin novembre, le Burkina-Faso est à la manœuvre pour réunir des fonds pour financer son plan de développement.

Le sous-sol du pays est pourtant riche en or, manganèse et phosphates. L'or est désormais le premier produit à l'importation. De 5,6 tonnes d'or en 2008, le Burkina Faso est passé à 36,5 tonnes d'or exportées en 2015, selon des chiffres du ministère des Mines. Cette production a généré 285 millions de dollars. Et les prévisions tablent sur une production de 39,6 tonnes d'or en 2016 alors que 15 ans plus tôt, cette production atteignait à peine une tonne par an et quelques milliers de dollars en recettes.

Le sous-sol burkinabé regorge aussi de zinc, de fer et de manganèse qui ont amorcé un véritable rush des sociétés minières occidentales pour leur exploitation. Les contrats et les licences d'exploitation attribuées par l'Etat se multiplient. Mais l'exploitation se fera-t-elle au profit des Burkinabè ? Là est toute la question. En tout cas une meilleure réorganisation des secteurs et une meilleure répartition des richesses devraient permettre de financer dans un rythme plus ou moins soutenu, les projets prioritaires de développement. Cela évitera peut-être de se retrouver dans la position de demandeur à qui on impose des décisions sans que sa voix porte. Ce que corrobore un autre proverbe burkinabé : « la main qui est en haut vaut mieux que la main qui est en bas ». Une sagesse burkinabè qui s'applique aussi au reste du continent.

Ibrahima Bayo Jr.

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