21 juin 2016. Le gotha du monde des affaires est réuni à Paris sur invitation du groupe AXA qui organise sa Journée investisseurs. La première marque mondiale d'assurance (qui a reçu la distinction pour la huitième année consécutive en 2016) en profite pour annoncer, très solennellement, son plan stratégique baptisé «Ambition 2020». Plusieurs semaines plus tôt, son président Denis Duverne, son directeur général Thomas Buberl ou même son directeur général Moyen-Orient, Golfe et Afrique Jad Ariss, annonçaient -lors d'entretiens et sorties médiatiques - les couleurs d'une nouvelle politique qui accorderait une place de choix à l'Afrique dont la firme aurait, ces dernières années, «pris conscience du potentiel». Une prise de conscience qui l'a en effet poussée à multiplier les investissements sur le continent. Disposant aujourd'hui de filiales types dans dix pays d'Afrique, le top management a délégué des pouvoirs exécutifs à un ensemble d'hommes et femmes africains et français, tous recrutés en interne, pour l'ancrage et le développement du groupe à travers le berceau de l'humanité.
Gabon : 27 ans de stabilité pour Joël Muller Sangangoye
Au pays d'Ali Bongo Ondimba, l'homme d'AXA n'est autre que Joël Muller Sangangoye, un «fidèle» du groupe français qui compte 27 ans de bons et loyaux services au sein des bureaux de Libreville. Initialement formé au début des années 80 à l'Institut National des Sciences de gestion du Gabon, il a ensuite décroché un MBA en administration et gestion des affaires de l'Université du Québec à Montréal. L'homme se définira tout au long de sa carrière par une certaine stabilité. Il débute en février 1985 chez la filiale gabonaise d'Ernst & Young en tant que senior manager. Quatre ans plus tard, il intègre AXA Gabon qu'il ne quittera plus depuis. Jusqu'en décembre 2007, il en est le directeur financier avant de prendre, en janvier 2008, la direction générale.
Influent de par son expérience, il exerce également en tant que vice-président de la Fédération gabonaise des sociétés d'assurance et membre du Bureau exécutif de la Fédération des sociétés d'assurance de droit national africaines (FANAF). Depuis quelques jours, la filiale gabonaise d'AXA fait face à de nombreuses critiques dans les colonnes de la presse locale en raison d'une présumée poussée à la retraite anticipée d'une dizaine de salariées ayant en moyenne une ancienneté de 20 ans au sein de l'entreprise. Pour l'heure, AXA Gabon n'y a pas réagi.
Sénégal : un fils du pays «règne»
La filiale d'AXA à Dakar est l'une des plus importantes du réseau africain du groupe français avec 17% de parts de marché dans les assurances-dommages. Leader local sur ce segment, elle évolue depuis septembre 2012 sous la direction d'Alioune Diagne, 60 ans. Il a ainsi succédé au célèbre Alioune Ndour Diouf qui a mené la compagnie pendant 18 ans. Titulaire d'une maîtrise en Droit privé de l'université Cheikh Anta Diop et diplômé en commerce international de l'Université des sciences et techniques de Lille, ce Saint-Louisien fait ses débuts chez la Compagnie de réassurance du Sénégal. Depuis qu'il a intégré AXA Sénégal en 1986, il n'en est plus jamais sorti.
Et l'homme n'est pas moins influent que son prédécesseur. Professeur de droit maritime à l'Institut international des assurances au Sénégal et au Cameroun, il est entre autres 1er vice-président de la Fédération sénégalaise des sociétés d'assurances (FSSA) ainsi qu'administrateur et juge arbitre auprès de la Chambre arbitrale maritime de Paris. En mars dernier, il a été désigné président du conseil d'administration d'Ecobank Sénégal.
Cameroun : un trio camerouno-sénégalo-français se partage les pouvoirs
Au siège d'AXA Assurance Cameroun à Douala, Thierry Kepeden assure la direction générale. Ce fils du pays est secondé du Sénégalais Moussa Diouf. Après avoir fait ses preuves au sein de la filiale de son pays en tant que directeur financier, le Cameroun, où il officie depuis bientôt trois ans, représente son premier essai à l'international. A ce duo, le groupe a rajouté le Français Amaury Pourkier qui exerce depuis la capitale économique camerounaise en tant que central manager. Diplômé en économétrie, il sert les intérêts d'AXA en Afrique depuis une dizaine d'années. Au sein de la filiale camerounaise, sa mission consiste précisément en la direction technique, le développement du partenariat, l'animation du réseau commercial ainsi que l'audit interne.
Essentiellement tourné vers l'assurance-dommages, le trio manage un effectif de plus de 90 employés pour un chiffre d'affaires de 11,2 milliards de Fcfa en 2012. Depuis avril 2016, Axa Assurance Cameroun est autorisée par le Conseil des ministres de la Conférence inter-africaine des marchés d'assurance (CIMA) à commercialiser des produits de micro-assurance en matière d'accidents corporels, maladie et dommages aux biens. Un service que la filiale avait voulu lancer pour s'adapter au pouvoir d'achat d'une catégorie importante de la population locale.
Nigéria : passation de service imminente
Tout à côté, dans la capitale économique nigériane Lagos, s'opère un changement important au niveau de la direction générale d'Axa Mansard Insurance Plc, une société fruit du rachat en 2014 par AXA de 77% de Mansard Insurance Plc au Nigéria. Yetunde Ilori qui occupe la tête de cette société ira à la retraite au terme de son contrat le 17 juillet prochain. Pour remplacer celle qui a accompagné le changement dénominationnel de la société il y a deux ans, le Conseil d'administration d'AXA a choisi Kunle Ahmed qui officiait jusque-là en tant que directeur général technologie.
Diplômé de l'Université d'Ilorin (1987) et fort d'une expérience de 24 ans dans le secteur des assurances, l'homme est compté parmi les experts dans son pays. Chez Axa Nigéria depuis 2004, il est membre du conseil d'administration depuis 2012. La compagnie compte beaucoup sur «sa riche expérience» pour développer davantage ses activités dans ce pays d'Afrique de l'Ouest où la firme tente de bousculer les diktats d'un marché fort concurrentiel. Chanceux, il prendra les rênes d'une société en bonne santé financière, avec un bénéfice après impôt en hausse de 58,8% à 2,7 milliards de nairas en 2016.
Côte d'Ivoire : Boa Johnson aux manettes
A Abidjan, c'est Roger Eugène Boa Johnson qui mène la filiale ivoirienne du géant mondial de l'assurance. Titulaire de deux maîtrises en droit des entreprises et en droit des affaires de l'Université d'Abidjan, il est également diplômé de l'Institut Internationale des Assureurs (1988). Immédiatement, il intègre la Compagnie nationale d'Assurance de son pays. Il passe huit années et finit chef de département technique. En 1996, il est pris pour le même poste à la Société ivoirienne d'assurance mutuelle. Deux ans plus tard démarre son aventure avec AXA Côte d'Ivoire. Ici, le technicien gravira les échelons. En 19 ans, il est passé de chef de département technique et Réassurance à Directeur général, en passant par la direction générale adjointe.
Maroc : Une première expérience à l'international pour Rocard
Plus au nord du continent, au siège de la filiale marocaine à Casablanca, Philippe Rocard assure la présidence et la direction générale depuis mars 2016. Cet autre fidèle d'AXA, qui soufflera sa 59e bougie en septembre prochain, se forme d'abord au milieu des années 1970 au métier d'actuaire. Mais ambitieux, il devient polytechnicien après son passage à l'Ecole polytechnique entre 1978 et 1980. L'année d'après, il rentre à l'Ecole nationale des mines de Paris et en sort trois ans plus tard Ingénieur en chef. En parallèle, il débute sa carrière chez le Groupe Lafarge où il passe trois ans avant de rejoindre le ministère de l'Industrie. En 1992, il est repéré par Groupama-Gan qui lui confie la direction IRARD Entreprise (Incendie, accidents et risques divers). Sept ans plus tard, il fait son entrée chez AXA où il fait ses preuves depuis 18 ans.
Avec son poste au Maroc, il signe sa première internationalisation. Ainsi depuis un an, il conduit le développement des activités d'assurance-dommages et d'assurance-vie, épargne et retraite.
Algérie : un "ambassadeur" d'AXA fraîchement dépêché
De l'autre côté de la frontière ouest du Maroc, au pays de Bouteflika, c'est Pierre Vasserot, 52 ans, qui assure la direction générale de la filiale algérienne. Ce diplômé en Economie de l'Energie a viré dans les assurances il y'a environ une trentaine d'années. Dans les rangs d'AXA depuis sensiblement la même période, il a été un précieux élément pour l'action internationale du leader mondial des assurances. D'abord en tant que directeur de l'exploitation à partir de 1999 à Singapour, puis au Brésil et au Portugal. En 2008, il retourne au siège du groupe à Paris en tant que directeur Engagements. Quatre ans plus tard, le contrôle financier d'AXA Global P&C lui est confié. En septembre 2013, neuf ans après la délocalisation au Maroc de la filiale dédiée l'assurance auto, Direct assurance, Vasserot renoue avec l'international en prenant le poste de directeur des opérations, avec résidence à Rabat. Et c'est de la capitale marocaine qu'il est parti pour prendre ses fonctions de CEO chez AXA Algérie en février 2017.
Et depuis, il reste très actif. Dès sa prise de fonctions, il a signé un accord avec Peugeot Algérie pour le lancement d'un nouveau service d'assurance destiné aux automobilistes clients de la marque française. Le 5 avril dernier, il présidait l'inauguration de la 72e agence de la filiale.
Egypte : Jeunesse et expertise
AXA sur le marché égyptien de l'assurance est encore jeune. Au mois de juillet, la filiale locale soufflera sa deuxième bougie. En juillet 2015 en effet, le Groupe français rachetait le numéro 3 de l'assurance en Egypte, Commercial International Life Insurance Company (CIL) et bénéficiait d'un accord de distribution exclusif pendant 10 ans en assurance vie, épargne et retraite au sein de Commercial International Bank (CIB). Depuis juillet 2016, la lourde tâche de la direction générale revient à Gilbert Chahine, un ingénieur diplômé de Supélec et qui a contribué à la transition vers le nouveau statut de la société en qualité de directeur général-adjoint. Ancien auditeur chez Mazars (2003-2007), Chahine a intégré le groupe AXA à Paris il y a 10 ans. En janvier 2015, alors que la firme travaille ardemment sur son projet de pied-à-terre égyptien, il y est envoyé pour seconder le directeur général.
Aujourd'hui CEO, il est secondé depuis septembre 2016 par Khaled El Shaarany. Ce diplômé en Ingénierie des systèmes de production de l'université de Warwick (Angleterre) et en Management international et Stratégie de HEC, est d'abord passé par Deloitte Consulting France et Simon Kutcher & Partners avant de rejoindre AXA en 2007. Fort de son expertise, il n'a occupé que des postes de directeur depuis.
Afrique du Sud : la continuité avec Andrew Davies
L'homme d'AXA en Afrique du Sud répond au nom d'Andrew Davies. Avec ce diplômé de l'université de KwaZulu-Natal (Durban), le groupe français s'est inscrit dans la continuité. En effet, celui-ci dirigeait depuis 1999 la filiale sud-africaine d'ICAS International, une société basée à Londres et leader en Grande-Bretagne dans la fourniture de programmes d'accompagnement social et psychologique des salariés d'entreprises. En septembre 2007, AXA PPP Healthcare -filiale du groupe français basée à Kent (Royaume-Uni) et spécialisée dans l'assurance santé personnelle et professionnelle- rachète ICAS International et bénéficie ainsi de son vaste réseau. Pour AXA qui n'a cessé de démontrer sa volonté de s'étendre en Afrique, cette filiale est très importante dans son développement stratégique local. Et pour cause, ICAS est actif dans 19 pays africains dont plusieurs où AXA est jusque-là absent (dans le cadre de ses activités classiques) : Botswana, République Démocratique du Congo, Ghana, Kenya, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Ouganda.
Maurice : une femme au sommet de la hiérarchie
Avec le temps, son implantation à Maurice devient de plus en plus importante pour le groupe AXA. Il est présent sur le marché local de l'assurance et de la gestion d'actifs depuis plus de 12 ans, à travers deux entités : Axa Assistante Océan Indien et Axa Customer Services. A la tête de cette dernière depuis novembre 2016, Hanjali Permalloo-Le Roux. Après le départ à la retraite de la Nigériane Yetunde Ilori, cette Mauricienne sera la seule femme du contingent d'AXA en Afrique. Diplômée de l'université de Lancaster (Royaume-Uni), elle compte à son actif après de 20 ans de carrière de manager. Après 10 ans chez Agileum -un fournisseur de services technologiques pour entreprises- où elle a fait ses premiers pas professionnels et acquis de l'expérience, cette Mauricienne rejoindra la filiale locale de l'américain CIM Group, gestionnaire de fonds d'infrastructures et d'infrastructures urbain. Elle signe son entrée chez AXA Customer Services en janvier 2015 en tant que head of business transformation and quality, avant de prendre les commandes de la société en novembre 2016.
A côté de cela, le groupe français a choisi Maurice pour installer la base continentale d'Axa Africa Specialty Risks (AXA ASR), une entité panafricaine née d'un partenariat entre AXA et l'anglo-américain Chaucer dont le siège est à Londres. Membre du Lloyd's (marché international d'assurance composé d'assureurs regroupés en syndicats), cette jeune entité, qui a soufflé sa première bougie en mars dernier, représente le fer de lance du groupe français qui s'essaie à une nouvelle spécialité : la couverture des risques politiques et de terrorisme (attentats terroristes, instabilité politique, plateformes pétrolières, grands projets d'infrastructures, jets privés,...). Et c'est à Mikir Shah -qui est à la tête du siège à Londres- que revient d'accompagner le développement de la jeune société. «AXA voit un énorme potentiel pour Maurice comme pôle d'attraction pour les activités d'assurance et nous souhaitons y être au cœur, ce qui nous permettra d'élargir et de consolider notre empreinte à travers tout le continent africain», confiait-il au lancement de la compagnie.
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