Mauritanie : désavoué, la marge de manœuvre du président se rétrécit

Le marbre grisâtre du palais de Nouakchott est désormais la tour qui protège le silence présidentiel. Furieux, les yeux rouges de colère sinon de rancune pour cette « trahison », Mohamed Ould Abdelaziz n’a pu boire dans le calice de la honte après le revers de sa révision constitutionnelle qui s’est brutalement fracassée sur la dissidence de sénateurs que l’on croyait acquis à sa cause. C’est ce mercredi 22 mars que le président mauritanien devrait briser le silence sur ce désaveu indigeste. Pourtant, sa marge de manœuvre pour l’avenir du projet reste très étroite.
Ibrahima Bayo Jr.

Une allocution, ce mercredi à la télévision nationale pour un homme dont la parole se faisait rare. C'est le canal choisi par Mohamed Ould Abdelaziz, le président mauritanien pour exprimer sa position sur l'avenir de son projet de révision constitutionnelle rejetée la semaine dernière par 33 des 56 sénateurs du parlement.

Référendum ou abandon du projet?

Tout de suite après ce rejet du texte qui devait acter entre autres la suppression du Sénat, les observateurs ont martelé que la seule issue du président mauritanien était de soumettre le texte à un référendum. Un pari risqué pour le chef de l'Etat qui avait usé de tous les prétextes pour faire passer la révision par la voie parlementaire. Ce revers au parlement est en effet plus facilement gérable qu'un éventuel désaveu populaire par les urnes.

L'avenir de la révision constitutionnelle pourrait également se jouer sous la tente à palabres. Le président mauritanien devrait dans ce cas faire un rétropédalage et convoquer un nouveau dialogue, plus inclusif que celui organisé entre septembre et octobre 2016. Un dialogue qui s'annonce déjà houleux mais auquel le forum national pour la démocratie (FNDU), une plateforme de plusieurs partis d'opposition, s'est dit favorable sous réserve de modification du texte actuel.

Un nouveau dialogue national pour masquer la crise institutionnelle ?

Dernière option qui s'offre au président, reconnaître le désaveu du parlement et abandonner le projet. Cette dernière option présagerait d'une crise institutionnelle dans le camp présidentiel où certains « osent » entrer ouvertement en dissidence contre le président. Elle donnerait raison à ceux qui pensent que le président est contesté jusque dans son propre camp. Que n'a-t-il pas fait pour faire passer le texte ?

Le nihil obstat du texte apposé par les députés, le 09 mars dernier, a été précédé d'octroi de parcelles constructibles à certains élus deux mois avant le vote. Les sénateurs, dont les plus hostiles ont été reçus en audience, n'ont pas succombé aux « petits soins » présidentiels. Pour éviter les représailles après le rejet du texte, le président du Sénat mauritanien a pris la poudre d'escampette pour se réfugier à Dakar.

La marge de manœuvre se rétrécit pour le président, acculé par une opposition ragaillardie qui se délecte de son revers infligé par les sages. A Nouakchott et ailleurs dans le pays, les indiscrétions prédisent la fin d'un règne que l'on espérait prolonger grâce à la répétition générale de ce que l'opposition dénonce comme un « tripatouillage constitutionnel » !

Ibrahima Bayo Jr.

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