COP22 : Il faudra attendre 2018 pour le cash !

Les lampions se sont éteints hier vendredi sur la COP 22 qui a réuni, du 7 au 18 novembre, les 196 pays signataires de l’Accord de Paris. Annoncé comme la COP de l’action, les négociations ont pris fin sur des déclarations de bonnes intentions et la promesse des 100 milliards que la communauté internationale et les partenaires financiers se sont engagés à mobiliser d'ici 2020. Il faudra attendre 2018 pour finaliser le règlement d'opérationalisation de l'Accord de Paris entré en vigueur le 4 novembre dernier.

C'est sur une Déclaration dite "Proclamation de Marrakech" et de nouveaux engagements qu'ont pris fin les travaux de la COP 22 qui a réunit du 7 au 18 novembre près de 30.000 participants sur la feuille de route pour la mise en œuvre concrète de l'Accord de Paris. Il y avait certes du beau monde, des personnalités et surtout beaucoup de discours et des promesses d'intentions au cours de l'événement qui a été surtout riches en conférences et autres réunions plénières mais aussi du spectacle en faveur du climat. A l'issue des négociations, les pays participants à la COP 22 se sont quittés sur une nouvelle promesse d'aller de l'avant et de maintenir la dynamique de mobilisation afin de garantir la réussite de la mise  en œuvre l'Accord de Paris sur le climat entré en vigueur il y a deux semaines.

Le sommet de haut niveau de la COP 22 qui a constitué l'événement phare de la COP22, a réuni des dizaines de chefs d'Etat et de gouvernement qui tous ont affiché leur ferme soutien à la mise en œuvre de l'Accord. Il était attendu que la COP 22 débouche sur  la définition des règles de mise en œuvre de cet accord et l'élaboration d'un plan viable pour fournir au moins 100 milliards de dollars par an aux pays en développement afin de soutenir l'action climatique. Au final, c'est une nouvelle échéance qui a été fixé pour cette fin, ce qui donne au rendez-vous mondial de Marrakech, annoncé comme celui de l'action, un goût d'inachevé surtout au vue de la mobilisation générale qui a suivi la COP 21 de décembre 2015 en France.

 « Le Partenariat de Marrakech pour l'action climatique globale et la proclamation de Marrakech pour l'Action en faveur de notre climat et le Développement Durable, sont les deux événements phares qui ont marqué la COP 22. Ils traduisent l'engagement total des 197 parties qui ont été présentes à Marrakech, ce qui représente un signal politique très fort ». Hakima El Haité, Ministre marocaine de l'environnement.

Proclamation d'intention

Les négociations entre les Etats-parties se sont achevées sur l'engagement des gouvernements à finaliser le règlement d'opérationalisation de l'Accord de Paris d'ici 2018. La veille de la clôture des travaux, les Etats- partis ont adoptés une Proclamation dite de Marrakech qui fera office de conclusion générale et de bilan de la COP22.

Dans la dite déclaration,  les Etats parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) ont affirmé leur « engagement » à « la mise en œuvre complète » de l'Accord de Paris. Ils se sont félicités de « l'élan extraordinaire » en matière de lutte contre le changement climatique, partout dans le monde. Vendredi 18 novembre, 111 pays, représentant plus de 75% des émissions de gaz à effet de serre, avaient ratifié l'Accord selon l'ONU.

« Cet élan est irréversible - il est guidé non seulement par les gouvernements, mais également par la science, par le monde des entreprises ainsi que par une action mondiale de tous types et à tous niveaux », ont-ils ajouté. « Notre tâche aujourd'hui est de perpétuer cet élan, ensemble, allant de l'avant délibérément pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour encourager les efforts en matière d'adaptation, en favorisant et en appuyant ainsi le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et ses Objectifs de développement durable » peut-on lire également dans le texte.

 « L'accord historique de Paris marque le cap et la destination de l'action climatique mondiale. Ici, à Marrakech, les gouvernements ont souligné que ce changement est désormais urgent, irréversible et imparable ». Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC),

La Proclamation de Marrakech a, parallèlement, été adossé à un « Partenariat de Marrakech pour l'action globale pour le climat » qui vise comme principal objectif,  l'intensification des efforts de coopération entre les gouvernements, les entreprises et la société civile dans le but de promouvoir un développement résilient et à faibles émissions de gaz à effet de serre.

La voix de l'Afrique a porté

Le continent africain a été particulièrement bien représenté à cette COP 22 tant par la présence des chefs d'Etats et de gouvernements que par la série d'évènements qui ont mis en exergue les principaux défis pour les pays africains en matière de lutte contre le changement climatique. Le ton a été particulièrement donné à l'occasion du sommet africain de l'action, organisé par le Maroc en marge de l'évènement, et qui a permis à la cinquantaine de délégation participante de s'accorder sur une feuille de route pour la prise en compte des enjeux relatifs au changement climatique dans le cadre d'un développement durable des pays africains.

« L'Afrique a énormément de potentiel pour devenir un leader mondial des énergies renouvelables. Ce continent a de vastes ressources en énergies solaire, éolienne et géothermique ». Ban Ki-Moon, secrétaire général sortant de l'ONU.

L'Afrique s'est également faite entendre à travers la Journée de l'Afrique, spécialement dédié au continent dans le cadre de la COP22 et à cette occasion, la question du financement est apparue comme la principale priorité pour le continent. Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina,  a ainsi plaidé  pour que soit transformées «  les promesses sur papier en projets concrets et sur la nécessité de travailler ensemble au succès de l'Afrique». Les pays comme les associations de la société civile ont également présenté plusieurs initiatives qui pourraient permettre au continent de mieux s'intégrer à la dynamique mondiale en faveur du climat mais aussi et surtout de permettre à l'Afrique d'apporter les réponses aux défis posés par le réchauffement climatique.

« Toutes ces initiatives s'inscrivent parfaitement dans l'Agenda 2063 de l'Union africaine, dont l'objectif est de bâtir une Afrique prospère, fondée sur une croissance inclusive, et qui met l'Afrique sur la voie d'un développement durable centré sur des programmes résilients face au changement climatique, tandis que nous contribuons à protéger notre environnement en développant les énergies renouvelables », a indiqué la présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini Zuma, dans une déclaration lue en son nom par Elham Mahmoud Ahmed, commissaire chargé de l'Énergie et des Infrastructures pour la Commission de l'UA. Abdalla Hamdok, le secrétaire général par intérim de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), a profité pour souligner l'importance de faire coïncider les initiatives de lutte contre le changement climatique en Afrique et les efforts de développement durable.

« Les impacts du changement climatique en Afrique gagnent en complexité, entraînant des menaces nouvelles et émergentes sur les vies humaines et les moyens de subsistance, de nouvelles dynamiques migratoires, des catastrophes naturelles, des conflits et des opportunités économiques manquées ».

« Transformons les promesses sur papier en projets concrets. Travaillons ensemble au succès de l'Afrique. Éclairons et alimentons l'Afrique en énergie ! » Akinwumi Adesina, président de la BAD

Fonds d'adaptation

La COP 22, c'était aussi les affaires et plusieurs annonces dans le cadre de la mise en œuvre de partenariats bilatéraux et multilatéraux ont été paraphées en plus du lancement d'une série d'investissements dits « verts » qui s'inscrivent dans le cadre de l'émergence de « la finance climat ».  Selon le bilan dressé à l'issue des travaux, les pays ont promis plus de 81 millions de dollars au Fonds pour l'adaptation, dépassant ainsi son objectif pour l'année. Les investisseurs ont été bien présents et semble avoir pris conscience des opportunités que recèlent la transformation en cours de l'économie mondiale mais se montre encore prudente avant de lâcher les cordes de la bourse. Dans une allocution prononcée par la vice-présidente de la Banque mondiale chargée du développement durable, Laura Tuck, le Président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a déclaré « qu'il ne s'agit pas seulement d'essayer de persuader les bailleurs de fonds et les financiers de mettre plus d'argent, même si nous essayons certainement de le faire, mais aussi de créer un environnement qui génère beaucoup plus de financement. Même si nous avons les 100 milliards de dollars dont nous parlons, ce n'est pas assez pour atteindre nos objectifs ».

En somme il va falloir encore plus que des déclarations et des engagements pour le démarrage effectif de la mise en œuvre de l'Accord de Paris. Il y avait eu déjà assez de mots et de promesses d'engagements, c'est de l'action qu'il faudrait et surtout du cash...pour financer les actes.

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