Maroc/UA  : les hommes clés de la « mécanique M6 »

Le retour annoncé du Maroc au sein de l'Union Africaine est conditionné par une approche pragmatique de l'espace anglophone d'Afrique de l'Est, comme en témoigne la visite entamée par Mohammed VI dans trois pays de la région depuis hier. Un bloc qui se spécifie par une stabilité politique conjugué à un dynamisme économique. En témoigne la lutte d'influence en cours dans la région entre Français, Chinois, Anglais et Américains. Pour cela, le souverain chérifien s'appuie sur une approche du « spectre complet » où se mêlent diplomatie, coopération et business pour permettre au Maroc de décrocher le soutien de ces pays. Revue de détail des hommes clés de la « mécanique M6 » en Afrique.
Mohammed VI, Roi du Maroc, reçu le 18 octobre par le Président Rwandais Paul Kagamé.

Cabinet Royal

Taïb Fassi-Fihri, le Sherpa

Taîeb Fassi Fihri

Conseiller diplomatique de Mohammed VI - sans en porter le titre- Fassi-Fihri est un pur produit de la diplomatie marocaine. Il a occupé la fonction de secrétaire général du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération (MAEC) jusqu'en 1993. Année où il fera un passage éclair par le cabinet du Roi Hassan II, comme chargé de mission. Fassi-Fihri, reprendra ses fonctions au MAEC en 1999 après l'intronisation du Roi Mohammed VI comme secrétaire d'Etat, puis ministre délégué. Trois ans plus tard, il est nommé ministre des Affaires étrangères. Un poste qu'il ne quittera qu'en janvier 2012 après sa nomination en tant que Conseiller royal.  Depuis, il active son précieux réseau international et sa connaissance intime des rouages diplomatiques et des hommes qui les animent pour pousser l'agenda marocain.

Youssef El Amrani, le Communicateur

Youssef El Amrani

Youssef Amrani a intégré le MAEC en 1978 en tant que secrétaire des Affaires étrangères. Il effectuera des missions en tant qu'attaché au cabinet du ministre (1981-1984), puis comme fonctionnaire international dépendant de l'Organisation de la Conférence Islamique (1984-1989). Amrani a également dirigé des représentations diplomatiques marocaines à travers le monde, notamment en tant que Consul général à Barcelone (1992-1996), ambassadeur en Colombie (1996-1999) ou encore au Mexique (2001-2003). Après un passage comme SG du ministère (2008-2011) puis un bref intermède comme Secrétaire général de  l'Union pour la Méditerranée (UpM), Amrani sera nommé ministre délégué avant de rejoindre le Cabinet Royal comme chargé de mission 2013. Il est la face « visible » du cabinet royal au sein des multiples conférences internationales multilatérales, au sein desquelles il œuvre sans relâche à la promotion du modèle marocain.

 Ministère des Affaires étrangères

 Nasser Bourita, le techno diplomatique

Nasser Bourita

Spécialiste des affaires de sécurité et du Sahara, Bourita a débuté aux Affaires étrangères en tant que 1er secrétaire en 1992. Il gravira les échelons pour atteindre le poste de directeur de cabinet de Taieb Fassi-Fihri, puis secrétaire général du ministère en 2011. Un poste qu'il occupera jusqu'à sa nomination en tant que ministre délégué aux Affaires étrangères en 2016, afin d'assurer le suivi de la nouvelle doctrine Marocaine de politique étrangère sur le dossier du Sahara plein. Réputé homme de dossiers, ce discret technicien de la diplomatie entretient des liens étroits avec ses homologues, notamment en Afrique et assure une liaison directe avec le carré d'ambassadeurs stratégiques pour le Royaume.

Mohamed Methqal, le nouveau patron de l'AMCI

mohammed methqal

Récemment nommé ambassadeur, directeur général de l'Agence marocaine de la coopération internationale (AMCI),  Mohammed Methqal a débuté sa carrière dans le conseil en stratégie. Proche de Salaheddinne Mezouar, Methqal intégrera par la suite le cabinet du ministre des Finances en tant que conseiller pendant 2 ans. Il sera ensuite nommé conseiller économique auprès du ministre des Affaires étrangères en 2013, avant de prendre la tête de l'AMCI. Un établissement qui devrait monter en régime pour diversifier ses partenariats au niveau des pays anglophones. Enfant du sérail, il est le fils de celui qui fut le médecin particulier de Hassan II.

Les nouveaux ambassadeurs clés

Nezha Alaoui Mhammdi, madame UA

Nezha Alaoui

Ancienne numéro 2 du département Afrique du ministère des Affaires étrangères et encore récemment ambassadeur au Ghana (couvrant également le Togo et le Bénin), Nezha Alaoui fait partie de la dernière fournée des ambassadeurs nommés par le Souverain marocain avec Addis-Abeba comme affectation. Le choix de l'Ethiopie est loin d'être anodin vu le rapprochement entre le Maroc et l'Union Africaine, l'instance panafricaine ayant son siège dans la capitale éthiopienne. A Accra, cette soutière de l'international avait réussi à rapprocher les positions du Maroc avec celles des ghanéens. A Addis, elle devra faire la démonstration de sa capacité à défendre le dossier marocain au sein de l'UA.

Moha Ouali Tagma, le négociateur

Moha ouali tagma

Fraîchement nommé à Abuja, Ouali Tagma est une pièce maîtresse dans l'approche diplomatique marocaine vers l'Afrique anglophone. L'importance économique et le poids politique du Nigéria au niveau continental imposaient en effet un casting relevé. Le choix de Moha Ouali Tagma, qui occupait jusque-là le poste de directeur Afrique au sein du MAEC, se justifie par sa longue expérience diplomatique et ses qualités de négociateur aguerri. Il avait notamment participé aux négociations préalables à l'adhésion du Maroc au GATT (actuelle Organisation Mondiale du Commerce) et entretenait des liens étroits avec les représentants du corps diplomatique africain accrédité à Rabat.

Les relais business

Miriem Bensalah, l'éclaireur

Miriem Bensaleh

La présidente du patronat marocain fait également partie du dispositif de diplomatie économique du Royaume. Ainsi, chaque déplacement de Mohammed VI sur le continent est systématiquement précédé par un événement de la CGEM afin que les hommes d'affaires marocains tissent des liens avec leurs homologues sur le continent. Pour ce faire, la patronne des patrons peut compter sur des éclaireurs comme l'assureur Saham, les principales banques marocaines (AWB, BCP, BMCE), les promoteurs immobiliers (Addoha, Alliances, Palmeraie Développement), ou encore les champions de la monétique (HPS, M2M, S2M). Des investissements qui sont de plus en plus abordés sous formes de groupement d'intérêts économiques (GIE). Une manière qui permet de maximiser les synergies entre les différents opérateurs marocains. Anglophone, Miriem Bensalah veut pousser les patrons à sortir de leur « zone de confort » ouest-africaine.

Mustapha Terrab, monsieur sécurité alimentaire

Ancien de la Banque mondial et ex-gendarme des télécoms marocains, Terrab a opéré une véritable mue de l'office. Cette dernière est passée d'une simple compagnie d'extraction et de négoce des phosphates, à une véritable multinationale maîtrisant l'ensemble de sa chaîne de valeur. Un repositionnement qui place l'Afrique parmi les priorités du groupe, vu le potentiel continental en termes de terres arables. En témoigne la création de la filiale OCP Africa spécialisée en agronomie et en production d'engrais, qui entamera sa production dans un premier temps avec l'Africa Fertilizer Complex. OCP Africa compte implanter des unités industrielles à proximités des grands bassins agricoles au niveau continental.

Mécanique M6

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés