Togo : l'appel à une « journée morte » contredit par le pouvoir

Les autorités togolaises viennent de se prononcer sur la manifestation de «Togo mort», prévue ce vendredi 29 septembre. S'inscrivant en faux contre cet appel, le gouvernement a lancé un appel contraire et menaçant de punir «toute tentative d'empêcher de force, les activités» dans le pays.
Une manifestation de l'opposition appelant au départ du président Faure Gnassingbe, le 20 septembre 2017, dans la capitale du Togo, Lomé.

A quand le bout du tunnel au Togo ? Une semaine après les manifestations troublées par des violences, surtout dans le nord du pays, la coalition des partis politiques de l'opposition a lancé en début de semaine un appel à une «journée morte», ce vendredi 29 septembre, dénommée «Togo mort». Une manœuvre que le gouvernement a rapidement tenté de dissuader le mercredi dernier.

Le gouvernement prévient contre la violence

Lors de la conférence de presse de ce mercredi 27 septembre, Payadowa Boukpéssi, ministres de l'Administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales, Col. Damehame Yark ministre de la Sécurité et de la protection civile, et Guy Madjé Lorenzo, ministre de la Communication ont appelé d'une même voix les populations à «vaquer librement à leurs occupations» en assurant que toutes les mesures ont été prises afin que la journée de travail se déroule normalement.

Le Colonel Damehame Yark a expliqué que le vendredi restait «un jour ouvrable comme tout autre jour» et a mis en garde tous «ceux qui tenteront d'empêcher ceux qui veulent vaquer à leurs occupations», confiant qu'ils «tomberont sous le coup de la loi».

«A travers des réseaux sociaux via des audio, nous avons relevé des menaces contre les personnes qui seraient tentées de vaquer à leurs occupations. Les gens qui s'amusent à utiliser ces termes sortent du cadre des manifestations publiques. C'est carrément du droit commun... Celui qui prend le risque d'agresser une personne au marché ou qui va au marché s'expose à la loi», a indiqué le ministre togolais de la Sécurité.

De son côté, soutenant son collègue à la Sécurité, le ministre de l'Administration territoriale, Payadowa Boukpéssi, exprimant ses regrets que cela ne soit pas le cas en parlant des menaces auxquelles fait cas le ministre Yark, a invité les partis politiques de l'opposition au respect de la loi. Il a rappelé que «ceux qui menacent les Togolais qui souhaitent vaquer à leurs occupations le vendredi tombent sous le coup de la loi».

Boukpéssi a également rappelé que les articles 19 et 20 de la Constitution togolaise punissent «toute personne qui à l'occasion d'une manifestation publique, use de menaces, de contraintes ou de violence pour s'introduire dans un édifice public, un lieu d'habitation, un bâtiment commercial ou un lieu de culte».

L'opposition persiste et signe

Cette sortie des trois ministres ne semble pas avoir dissuadé les leaders de l'opposition. Dans une déclaration liminaire mercredi dernier, la coalition des partis de l'opposition a confirmé son appel à cesser toute activité professionnelle et commerciale, ce 29 septembre, et a décrété ce vendredi une journée de recueillement en hommage aux quatre personnes décédées lors des manifestations des 20 et 21 septembre à Bafilo et Mango au nord du pays.

Au-delà du retour à la Constitution de 1992 ou du départ immédiat du chef de l'Etat, les partis de l'opposition réclament «la révision du cadre électoral y compris l'effectivité du vote des Togolais de l'étranger, le déverrouillage des Institutions de la République et la libération de tous les prisonniers politiques notamment ceux détenus depuis les manifestations du 19 août dernier jusqu'à ce jour».

Dans leur déclaration, les partis de l'opposition ont également indiqué que «le projet de loi de révision constitutionnelle adopté il y a une semaine par la majorité mécanique RPT-UNIR à l'Assemblée, dans le seul but de tenter de désamorcer l'étau populaire qui se resserre autour de Faure Gnassingbé, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, relève de la pure provocation et constitue un acte grave de mépris vis-à-vis du peuple togolais».

Pendant ce temps, le gouvernement se prépare de son côté au référendum prévu après le vote des deux tiers des parlementaires obtenu la semaine dernière. L'opposition qui s'y oppose fortement se refuse aussi au dialogue souhaité par certains observateurs. Le bras de fer se poursuit !

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