Togo : la grève des enseignants menace l'année scolaire

L'éducation togolaise traverse une nouvelle grève des enseignants qui réclament de meilleures conditions de travail. N'ayant jamais pu trouver une satisfaction pour leur réclamation, les enseignants sont obligés de recourir à la cessation temporaire des cours. Sauf que cette année, les élèves ont décidé de ne pas rester à l'écart. Pas plus que la classe politique.

Sous le manguier au cœur de l'école, les causeries vont bon train au Togo. Chacun parle de sa situation personnelle. De ses problèmes et de ses inquiétudes. La discussion n'est pas facile, car les yeux sont rouges. Il ne s'agit pas de revendeuses de riz de l'école. Mais plutôt des enseignants du CEG Agoè, un CEG situé dans la banlieue de la capitale togolaise. En plusieurs autres établissements scolaires, du premier au troisième degré, plusieurs enseignants sont en grève. Le vendredi 09 décembre était le dernier jour de la grève de 72 heures lancée par la coalition des quatre syndicats (le Syndicat National des Professeurs de l'Enseignement Technique du Togo (SYNPETT), le Syndicat National des Enseignants de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (SNEETFP), le Syndicat des Enseignants du Secondaire du Togo (SESTO) et le Syndicat des Enseignants du Préscolaire et du Primaire du Togo (SEPPTO).

« On a commencé à faire nos réclamations il y a trois ans. Et bien avant la rentrée on a relancé le gouvernement. Mais il refuse de discuter avec nous. A l'approche du sommet sur la sécurité et la sûreté maritimes, les autorités craignant qu'on n'entrave la rentrée et faire de la mauvaise publicité, ont reporté la rentrée d'un mois. Jusqu'alors nous n'avons eu aucune promesse du gouvernement. On continuera la grève de 72 heures chaque semaine jusqu'à avoir une issue », s'est expliqué un enseignant qui a préféré gardé l'anonymat.

En effet, quelques jours avant la rentrée qui était normalement prévue pour septembre les enseignants avaient prévu des grèves répétitives. La semaine écoulée, ces derniers ont lancé un mot d'ordre de grève de 48 heures le jeudi et le vendredi en guise d'avertissement aux autorités togolaises. Cette semaine, n'ayant eu aucune amélioration, un mot d'ordre de grève répétée a été lancé pour 72 heures chaque fin de semaine scolaire. Ainsi les mercredi, jeudi et vendredi, les enseignants vont dans les classes mais ne font pas cours. Pire, une discussion prévue le jeudi 8 décembre avec le ministre de l'éducation primaire et secondaire, le Professeur Palaamwé Tchakpélé n'a rien donné, ce qui a catalysé la grève de vendredi.

Yaovi Illetou Atcha, porte-parole des syndicats grévistes d'enseignants, s'est justifié par rapport au changement de cap des grèves.

« Vu qu'on nous a fait des précomptes par rapport aux jours de grève, les camarades, à la base, ont demandé à ce que nous ne fassions pas un travail pour lequel on n'est pas payés. Voilà pourquoi on a sauté les cours et les élèves sont dans la rue », a-t-il dit. Et les élèves sont vraiment mécontents.

Que réclament ces enseignants ?

De sources syndicales, il s'agit de l'octroi de l'indemnité de logement pour le personnel de l'éducation et pour toute la carrière, la prime de travail de nuit et prime de salissure, à intégrer au budget 2017. Ces enseignant réclament l'adoption du statut particulier, le reversement des enseignants auxiliaires dans le corps des fonctionnaires de l'enseignement conformément au statut général de la fonction publique, la résolution définitive du problème de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et du dossier des normaliens ainsi que l'intégration des enseignants volontaires restants dans la fonction publique et enfin l'annulation des affectations punitives des représentants d'enseignants et des délégués syndicaux.

Une grève qui déchaîne les élèves

Avec la grève qui gagne du terrain et devient de plus en plus généralisée, les élèves de l'enseignement public commencent déjà à réclamer leur droit au cours. Comme il y a trois ans. Un peu partout, dans les préfectures de Tône, du Vo (plus de 70 km de Lomé) ou encore du Bas-mono (plus de 80  km de Lomé), les élèves se sont déchaînés dans les rues pour réclamer les cours. D'école en école, les élèves du public sont allés déloger leurs camarades du privé. Fait plus curieux dans le Vo et le Bas-mono, le vendredi 2 décembre. Des élèves du Lycée de Dzrékpo (préfecture de Vo), sont allés déloger avec violence, à coup de jets de cailloux et de bâtons, leurs camarades ou cadets des autres écoles publiques où la grève n'avait pas lieu, de la préfecture de Vo jusque dans la préfecture du Bas-mono à l'école primaire de Momé-Gbavé et au CEG Kpakpalakpènou.

« Nous étions en classe le matin. Quand le prof est arrivé, il a annoncé les cours sur le tableau et a écrit en bas, ''cours considéré comme fait. Fin du programme''. Nous n'aurions pas pu accepter ça alors que nous sommes en classe d'examen Terminale, ndlr) et que nos camarades ailleurs, avec qui nous aurons les mêmes épreuves à l'examen, font les cours », a confié Kossivi du CEG Dzrékpo.

Même son de cloche à Lomé. Interrogé par Rfi, un autre élève du CEG Hédzranawoé a avoué son désarroi. « Cela fait quatre semaines que les trois derniers jours de la semaine, on ne fait plus cours. Mercredi, jeudi et vendredi, on vient, mais on ne travaille pas, regrette un élève à Hédzranawoé, dans la banlieue nord. Il y a certains profs qui ne viennent pas. Nous avons payé le collège. Nous avons le droit de suivre nos cours. Donc on s'est levés aujourd'hui pour réclamer nos horaires », a-t-il tempêté.

A chaque fois, il a fallu l'intervention des forces de police (à Lomé) ou de la gendarmerie (à l'intérieur du pays) pour arrêter les grabuges.

La classe politique s'insurge contre la situation

Cette situation ne laisse personne indifférent. Pour la presse togolaise, le gouvernement aurait dû assurer une année scolaire sereine en mettant à profit son report de la rentrée d'un mois pour régler les problèmes en instance. « Comment deux mois seulement après cette rentrée scolaire qui a pris du retard sur le calendrier indicatif de l'Uemoa, le Togo se retrouve encore face à des problèmes ? », s'interrogent le quotidien privé togolais ''Liberté''. Selon elle, tout gouvernement ''responsable'' doit savoir que la jeunesse a toujours raison et est censé connaître l'importance de l'éducation dans un processus de développement. Avis totalement partagé par la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), un parti de l'opposition. Dans une déclaration rendue publique jeudi dernier, le parti a fustigé l'inaction du gouvernement.

« La CDPA comprend et partage totalement l'indignation et la colère des élèves, dont la plupart issus de couches défavorisées, n'acceptent pas qu'après les sacrifices incommensurables de leurs parents, voire des leurs, pour mobiliser les fonds nécessaires pour le payement de l'écolage, des fournitures et autres cotisations, le gouvernement compromette leur avenir, en misant sur le pourrissement du mouvement des enseignants en attendant que tout se tasse pendant les vacances de noël », a dit Brigitte Adjamagbo-Johnson, secrétaire générale du parti, qui a signé la déclaration.

Elle continuera pour dire que cette situation déplorable, plonge ses racines dans « le refus de l'État employeur de prendre à bras le corps des préoccupations récurrentes et légitimes du corps des enseignants, ce qui plombe depuis plusieurs années les rentrées scolaires ».

Obligé par la situation et mis sous pression par les organisations de défense des droits humains, la presse et la classe politique, le gouvernement togolais devra tôt ou tard discuter avec les enseignants pour tenter de trouver une solution. Mais à quel prix ? Et après quels sacrifices ?

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Commentaires 7
à écrit le 13/12/2016 à 9:48
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pour la régio de la kara c'est simple. C'est la ville du nprésident fondateur. Tu fait greve tu es assimiler directement a un opposant. imaginez la suite..... Pour le lycee d'agoe c'est le fief du pouvoir à Lomé. demandez vous pourquoi tout les éta...

à écrit le 12/12/2016 à 14:31
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que le gouvernemen réagit face cette situation déplorable

à écrit le 11/12/2016 à 22:05
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deuxième question:selon les sources il y'a eu un échec entre discussion du ministre de tutelle et les syndicats. je voudrais savoir si les grèves continuerons dans la semaine a suivre?

à écrit le 11/12/2016 à 21:55
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une question:selon les renseignement je vois que à kara on fait cours pendant les jours de grèves.est que les enseignants de kara ne sont plus concerner aux gréves que fonds les autres enseignants?

le 12/12/2016 à 14:37
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moi osi j ne cmpren pas.lè enseignants de la region kara.pourkw ils ne grève pas.alr ke d autr st en grève.ce nè pa bien

à écrit le 11/12/2016 à 17:03
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pourqu'oi et comment ce fait il que malgré cette situation,d'autre etablissement ne grevent pas?le lycée d'agoe par exemple

le 26/03/2017 à 9:50
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Chez nous a tabligbo, l'examen sport du bac1 a été reporté a 12km de la ville. Parce que les élève de la ville font des manifestation pour réclamé les cour et c'est pour les punir. S'ils continue de réclamé les cours, le BAC2 sport se fera a 45 km a ...

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