Mali : une conférence d’entente pas si nationale que cela

A peine ouverte que le nom de « conférence d’entente nationale » s’effrite. En dépit de nombreuses tractations, l’opposition et une partie des groupes armés du Mali ont boycotté ce congrès national qui se voulait « inclusif ». Résultat, un camouflet pour les autorités en place à Bamako qui espéraient amorcer des discussions sur le processus du retour définitif de la paix au Mali.
Ibrahima Bayo Jr.

Jusqu'aux dernières heures précédant l'ouverture de la conférence d'entente nationale, le gouvernement malien voulait croire qu'il pouvait amener les réticents à la table des discussions. Mais le boycott aura eu raison de la tenue du congrès qui devait durer une semaine à partir de ce lundi 27 mars 2017.

Boycott massif d'une conférence qui se voulait inclusive et nationale

Pourtant, depuis ces derniers jours, certains groupes armés sont restés sur la même position. Ils ont soulevé l'absence d'inclusion et de concertation pour annoncer qu'ils ne participeront pas aux pourparlers. L'ex-rébellion de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) souhaite que la conférence soit prolongée plus que la semaine initialement prévue afin que les discussions soient plus larges.

Presque dans la même posture, l'opposition malienne dénonce un manque de préparation de la conférence. Pour eux, la question de la gouvernance actuelle doit être mise sur la table et discutée, de même que le sort des 200.000 réfugiés maliens concentrés dans des camps au Niger, au Burkina-Faso et en Mauritanie. Il s'y ajoute, l'installation des autorités intérimaires qui a fini de diviser quant à leur désignation.

Au final, ces multiples boycotts justifiés par des arguments structurels ont eu pour conséquence de restreindre le nombre de participants à la conférence prévue du 27 mars au 2 avril, instituée par l'accord de paix de 2015 entre le gouvernement et les milices pro-gouvernementales. Les discussions de la conférence qui tournent autour de l'unité, de la paix et de la réconciliation ne devraient concerner que ces deux derniers acteurs.

Pourtant, sur le papier en tout cas, la conférence avait tout d'un pont de transition vers la paix d'un Mali où l'Etat a du mal à contrôler la totalité du territoire. Les 1,2 million de kilomètres carrés du pays sont partagés entre un nord et un centre aux prises avec des groupes armés et terroristes malgré l'installation dans la précipitation de patrouilles mixtes que l'on dit sous-équipées et mal préparées. Plus au sud, la menace grandissante du terrorisme se fait de plus en plus prégnante au point de frapper aux portes de Bamako, dernier verrou sécuritaire du pays.

La paix compromise?

Les 300 participants attendus pour la conférence devaient plancher, après des séances consacrées à des débats sur les causes profondes du conflit qui a éclaté en 2012 et sur une charte consensuelle pour amorcer le retour de la paix. A l'ouverture de la conférence plusieurs sièges sont restés sans occupants. L'espoir de voir la charte prendre forme le 2 avril prochain n'a jamais semblé aussi loin. Avec son manque d'inclusion, la conférence risque de perdre de sa substance. Elle ne sera pas si nationale et inclusive que les autorités l'auraient souhaité. L'amorce du processus devant conduire à la paix s'en trouve durablement impactée !

Ibrahima Bayo Jr.

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