Mali : une centrale d'achat unique pour tous les marchés publics

Dans son ambition de lutter efficacement contre la corruption et les crimes financiers de tout genre, le gouvernement malien a décidé en fin de semaine dernière, de mettre sur pied dans les prochains mois, une centrale d'achat unique pour les marchés publics au Mali. Une décision qu'approuvent les leaders d'opinions, tout en faisant subsister quelques doutes.

Dans quelques mois, toutes les administrations maliennes devront passer par une centrale d'achat unique pour toutes leurs commandes. En conseil de ministre, le premier de l'année 2017, présidé par le Premier ministre malien, les autorités du Mali ont décidé de créer une centrale d'achat unique. Il s'agira pour le Mali, de se doter d'un instrument très efficace dans la lutte contre les détournements, la surfacture, la corruption, la gabegie, les fausses notes, etc., qui sont des maux qui gangrènent l'administration du pays.

« La gestion des ressources publiques passe, dans une large part, par les marchés publics. Et aujourd'hui ces marchés publics se font de façon disparate. Et cette centrale d'achat devrait permettre de faire des économies d'échelle, elle devrait permettre plus de transparence dans la passation des marchés publics », a justifié sur la chaîne nationale le ministre de l'économie numérique et de la communication, porte-parole du gouvernement, Me Mountaga Tall.

Cette initiative tend à appliquer une gestion efficace, rationnelle, efficiente des ressources publiques. En effet, le chef du gouvernement malien a voulu répondre en traduisant l'exigence en acte. Il a donc instruit le ministre des finances de mener une étude sur la mise en place de cette centrale d'achat.

A noter que dans le sens pratique de la chose,  la centrale d'achat unique sera le pont par lequel se feront toutes les commandes des ministères, des services publics, des agences d'Etat, bref toutes les branches de l'Etat. Les appels d'offres seront donc plus réguliers et transparents, et seront même mieux suivis et mieux contrôlés. Mais certains affichent devant cette mesure un satisfecit teinté de doutes.

Les leaders d'opinion maliens apprécient mais doutent toujours

La décision du gouvernement de mettre en place la centrale d'achat unique a défrayé la chronique en terre malienne. Si tout le monde reconnait qu'il s'agit d'une très bonne initiative, on doute tout de même pour sa phase d'application.

Le Professeur Abdoulaye Niang économiste, chercheur au centre de recherche ''Senè'' est très intéressé par la décision du gouvernement. Il explique que la centrale a un avantage sur le plan de la lutte contre la corruption, contre la fraude, contre les dessous de table. Pour lui, il y aura une réduction de coût, une objectivité dans la gestion des ressources publiques, le choix de la qualité va donner des bons résultats. Mais si le chercheur estime que c'est une très bonne décision et en félicite le chef de l'Etat Ibrahim Boubacar Kéita, il exprime aussi ses doutes. « Donc, c'est une très bonne chose, si ce n'est pas comme toutes les autres décisions que nous avons, toutes les lois que nous avons sont des très bonnes lois, mais à l'application, on a toujours eu des problèmes », craint-il. Même son de cloche dans l'opposition au Parlement.

Reçu par le Studio Tamani, le porte-parole de l'opposition parlementaire, Mody Ndiaye, explique « Sous réserve de voir en fait institutionnellement comment est-ce qu'ils vont le faire, à priori acheter en gros est une bonne chose du point de vue du coût, de l'économie d'échelle. Mais dans une administration déconcentrée, dans une administration très forte, il y a lieu de s'interroger sur l'efficacité d'un mécanisme de ce genre surtout qu'à partir de 2018, nous allons travailler dans le cadre des programmes où chaque responsable de programme au sein des départements ministériels, est responsable de la mise en œuvre du programme et est l'ordonnateur de son budget ».

Selon le député, il y a vraiment lieu de tenir compte de la déconcentration administrative dans les études pour la mise sur pied de la centrale. Il ajoute pour mieux exprimer ses doutes qu'il n'a pas vu « pour le moment le document lui-même pour savoir ce qui les [les dirigeants] a amenés à aller dans ce sens et comment ça va se faire ».

Une chose est sûre, l'établissement d'une centrale d'achat unique permettra une réduction considérable de faux frais et de coups créés de part et d'autre dans l'administration. Pour certains experts, quelques milliards de francs CFA seront économisés par le gouvernement malien. Mais justement, reste à savoir si la probité prévaudra. Car c'est ça le vrai problème.

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Commentaire 1
à écrit le 09/01/2017 à 18:57
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En depit de l'accroissement des recettes budgétaires, le creusement du deficit du Budget de plus de 270 milliards , eloigne le pays d'une maitrise des dépenses publiques.

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