Migration : le Mali signe avec l’UE sur fonds de rejet de la société civile

Le Mali vient de signer un accord avec l'Union européenne (UE) visant à lutter contre la migration irrégulière et à favoriser le retour des migrants maliens depuis l'Europe. Il s'agit du premier accord du genre qui s'inscrit dans le cadre de la nouvelle approche migratoire de l'UE. Plusieurs pays sont ciblés par la signature de ces accords avec en contrepartie, des appuis financiers pour des projets de développement. Une stratégie qui ne fait pas l'unanimité au sein de la société civile et des organisations de soutien aux migrants.
Abdoulaye Diop, Ministre Malien des Affaires étrangères.

Migration : Le Mali signe avec l'UE sur fonds de rejet de la société civile

Et de un sur la liste ! Le Mali et l'Union européenne ont signé, dimanche à Bamako, un accord, le premier du genre, destiné à lutter contre les causes profondes de la migration irrégulière et à favoriser le retour des migrants maliens depuis l'Europe. « C'est la première fois que l'UE établit des engagements aussi précis avec un pays africain à propos du retour des demandeurs d'asile refusés », a indiqué un communiqué du ministère néerlandais des Affaires étrangères cité par l'AFP.

C'est le chef de la diplomatie néerlandaise, Bert Koenders, qui a paraphé le document au nom de l'UE,  en compagnie de son homologue malien Abdoulaye Diop. La cérémonie de signature de l'accord, qui sera présenté aujourd'hui à Bruxelles, s'est déroulée à l'occasion d'une visite de travail que conduit le diplomate européen dans la capitale malienne, dans le cadre du plan d'action adopté entre États européens et africains au sommet de La Valette sur l'immigration en novembre 2015. Pour rappel lors de ce sommet, l'UE avait annoncé la mise en place d'un fonds de 1,8 milliards d'euros destinés à aider financièrement l'Afrique afin d'endiguer les flux de migrants.

C'est dans ce cadre que l'accord UE-Mali prévus des initiatives pour aider les jeunes au travail, le renforcement des capacités des services de sécurité maliens et une meilleure collaboration avec les pays voisins afin de « lutter contre les réseaux de trafiquants d'êtres humains et améliorer le contrôle des frontières ». D'après les détails du contenu de l'accord, neuf projets totalisant un montant de 145,1 millions d'euros ont été adoptés entre les deux parties.

Réadmission des migrants installés en Europe

La partie de l'accord qui fait couler beaucoup d'encre concerne le volet relatif au rapatriement des demandeurs d'asiles et autres migrants maliens installés de manière irrégulière en Europe. Dans ce cadre, le communiqué précise que « des fonctionnaires maliens se rendront dans les pays membres de l'UE pour aider à déterminer l'identité des migrants, afin d'accélérer leur retour ».  Ce rapatriement se fera à travers des procédures dites de « réadmission et réintégration ».

Après le Mali, plusieurs autres pays sont dans le viseur de l'UE pour la conclusion du même type d'accord. Il s'agit en priorité de l'Ethiopie, du Niger, du Nigeria et du Sénégal.

En avril dernier et alors que son pays assurait la présidence tournante de l'EU, Bert Koenders a déjà conclu des accords de principe avec le Mali, le Ghana et la Côte d'Ivoire concernant la migration. Il a été, à l'époque,  convenu avec les représentants de ces trois pays, de prendre une série  de mesures qui devront permettre dès cette année, de parvenir à des résultats concrets en matière de migration illégale en provenance d'Afrique occidentale. Par la suite, plusieurs responsables européens ont conduits des visites dans d'autres pays avant de baliser les accords qui sont contestés par les associations de la société civile africaine.

Accord contesté

La société civile malienne n'a pas tardé à réagir à la signature de cet accord entre le Mali et l'UE. Dans un communiqué rendu public moins de 24 h après la signature de l'accord, le collectif Bi-Ton (Association d'aujourd'hui) a été l'une des premières à demander au gouvernement à renoncer à son application. Le collectif qui regroupe une quarantaine d'associations maliennes engagés notamment dans la lutte contre le chômage des jeunes, a mis en exergue l'apport considérable des Maliens de l'extérieur, « les Toukanranké », dans le développement socioéconomique du pays.

« Au regard de l'apport des maliens de l'extérieur dans la lutte contre le chômage au Mali, et des conséquences que peut engendrer un retour massif de migrants maliens, nous demandons aux autorités maliennes de renoncer à l'application dudit accord ».

 Le Collectif rappelle que plus de quatre millions de maliens vivent en dehors de leur pays selon le ministère des maliens de l'extérieur, soit  près de 20 % de la population Malienne. « La Banque mondiale prédit que, en 2020, les transferts de fonds en direction des pays en développement atteindront chaque année 200 milliards de dollars. Le Mali ne peut pas se permettre d'être le laissé-pour-compte de cette source de plus en plus importante de financement » a souligné le collectif dans le communiqué signé par son  président  Séga Diarrah. Au lieu d'un accord de retour, les associations ont plutôt proposé au gouvernement, une séries de mesures destinées à canaliser les transferts de fonds des migrants et à impliquer la diaspora dans le développement du pays à travers des politiques publiques dédiées et des mesures incitatives leur permettant de mieux investir au pays.  « La diaspora malienne recèle de très riches compétences financières, techniques et intellectuelles et le Mali doit exploiter ces ressources humaines et matérielles en vue de remédier aux défis que posent le développement, la dégradation de l'environnement,  le terrorisme, la sécurité alimentaire, l'approvisionnement énergétique  et la croissance économique équitable » a conclut le Collectif.

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Commentaires 3
à écrit le 15/12/2016 à 0:09
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Depuis le Mandat de IBK il donne du travail à combien de jeunes. Évidemment que les dérange pas de vivre sur le d'os des pauvres.Les ministres mangés à leurs fain qui se soucis de la population. Vraiment honte à vous.

à écrit le 14/12/2016 à 16:26
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Après la démentie du Ministre Abdoulaye DIOP qu'il publie la copie de l' accord au bas du quel il a apposer sa signature pour lever tout équivoque .

à écrit le 14/12/2016 à 16:07
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Après la démentie du Ministre Abdoulaye DIOP qu'il publie la copie de l' accord au bas du quel il a apposer sa signature pour lever tout équivoque .

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