Bénin  : Patrice Talon abandonne sa réforme constitutionnelle

Dans un entretien accordé ce samedi à la chaîne nationale béninoise, le Président Patrice Talon a confié qu'il renonçait à son projet de réforme constitutionnelle. Entre déception et surprise, le président a aussi laissé planer le doute sur le respect de sa parole donnée pour ne faire qu'un seul mandat au pouvoir.

Le canal a été bien choisi pour faire passer un message à la nation, sans prendre le format protocolaire d'un discours à la nation. Lors d'un entretien sur la chaîne nationale ORTB, le président Patrice Athanase Guillaume Talon ne s'en est pas caché. Il a avoué l'échec de son projet de révision constitutionnelle pour un mandat présidentiel unique et en a conclu la fin de l'initiative.

« J'ai donné la possibilité aux parlementaires, à la limite d'enlever tout ce que j'ai proposé. Pour quelle raison voulez-vous que je ramène encore ce projet ? L'examen du projet donne la liberté aux députés de l'amender comme ils le souhaitent. Ils n'ont pas voulu, ils l'ont bloqué pour le principe politique. La révision de la constitution initiée par le président Patrice Talon, c'est fini », a sèchement déclaré Patrice Talon.

Une déclaration qui intervient 1 an quelques jours après son premier anniversaire à la tête du pays et quelques quatre jours après le rejet de son projet de loi de ramener le mandat présidentiel a un seul de 6 ans et non renouvelable, par les parlementaires béninois. A ce propos, le chef de l'Etat béninois a une explication concrète. Selon lui, les députés ont compris l'initiative mais le projet a subi un problème d'ordre politique. Le rejet de la proposition de loi n'est pas dû à « des réticences rationnelles mais à un blocage politique », a expliqué le président béninois. Il en a tiré une conclusion qu'il a partagée avec le peuple, reconnaissant que « la fonction présidentielle est d'abord politique ». Pour Patrice Talon, son initiative a été victime de beaucoup d'intoxications qui ont noyé le bien fondé de la révision constitutionnelle qu'il voulait.

Alors qu'il avait initié une révision constitutionnelle qui devrait introduire un seul mandat non renouvelable dans la constitution, Patrice Talon a été vivement contesté par la nomenklatura béninoise et les organisations de la société civile. Regroupé au sein d'un mouvement dénommé le Front pour le sursaut patriotique, ils ont exigé le ''retrait pur et simple'' du projet de loi. Après un premier rejet de la demande d'étudier le texte en urgence, les parlementaires vient d'opposer un refus clair au président Talon. Ce dernier ne s'en est pas caché et a avoué sa surprise quant au choix opéré par les représentants du peuple.

La promesse d'un mandat unique en doute

S'il a avoué avoir été surpris par le rejet des députés, Patrice Talon a lui aussi surpris la réponse donnée à la question concernant sa promesse de ne faire qu'un seul mandat au pouvoir. Le président béninois a laissé planer le doute, donnant l'air d'avoir envie de changer de décision, et prenant presque le rejet de son projet de révision constitutionnelle comme un facteur.

« 2021 est loin désormais. Ça aurait pu être réglé maintenant par la révision de la constitution. Ce n'est pas le cas. En 2021, j'aviserai en fonction de mon ressenti. Je suis respectueux des règles de la République », a déclaré Patrice Talon avant d'ajouter en se mettant à la troisième personne, « Patrice Talon n'a pas d'aversion pour la fonction pour laquelle le peuple l'a élu. J'ai été élu pour cinq ans. Je n'ai pas d'aversion pour la fonction, encore moins pour la charge ».

Aujourd'hui nombre de béninois s'interrogent sur la capacité du Président à tenir sa parole. Patrice Talon n'a pas cessé de promettre lors des campagnes électorales qu'il ne fera qu'un seul et unique mandat. « Je ferai de mon mandat unique, une exigence morale en exerçant le pouvoir d'Etat avec dignité et simplicité » s'était-il solennellement engagé le jour de son investiture  le 6 avril 2016. « Non, Patrice Talon ne voulait pas de cette révision. Il a, à mon avis, simplement mis le parlement sur un chantier pour exécuter une tâche précise. Aujourd'hui, ce serait un canular que de dire qu'il n'a pas respecté sa parole de faire un mandat unique. Il l'a bien introduit et c'est nous qui l'avons rejeté », a confié un observateur béninois, se sentant désabusé.

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