Cette fois, c'est acté. Le Bénin a décidé de mettre en œuvre le processus de résiliation du contrat de délégation des activités aéronautiques nationales confiées jusque-là à l'ASECNA et de confier la gestion de ses aérodromes à un concessionnaire privé. La décision a été d'abord prise à l'issue du dernier conseil des ministres en date du 11 janvier dernier et ce lundi,  le ministre des infrastructures et des transports, Hervé Hêhomey, a animé une conférence de presse pour en exposer les raisons et détailler les grands axes de la réforme qui sera mise en application dans le secteur aérien béninois dans le cadre du nouveau programme d'action du gouvernement.

La décision de résilier le contrat de délégation des activités aéronautiques nationales et de mettre en concession la gestion de l'aéroport international de Cotonou et des aéroports secondaires du pays se justifie, selon le gouvernement, « l'absence de résultats » à la suite de l'accord, signé en décembre 2011, confiant à l'ASECNA, la gestion des activités aéronautiques nationales du bénin pour une durée de deux ans renouvelable par tacite reconduction. « Cette mission s'inscrit dans le cadre d'un contrat de délégation » a rappelé le gouvernement béninois estimant par ailleurs que « les résultats attendus n'ont pas été atteints ». D'ailleurs, le 3 juillet 2013, le ministre chargé des transports de l'époque avait notifié l'organisation panafricaine, le non renouvellement du Contrat. Toutefois, en dépit de cette notification, un avenant a été signé le 4 avril 2016, en violation des termes de la lettre du 3 juillet 2013, pour une nouvelle période de 5 ans à compter du 1er janvier 2017.

Le Bénin reprend la main

Selon les autorités béninoises, la décision de revenir sur le contrat avec l'ASECNA a été notifiée à cette dernière dès le 29 juillet 2016. Le ministère de tutelle  a fait parallèlement part à la direction de l'Agence, de la volonté du gouvernement de mettre un terme au contrat de délégation des activités aéronautiques nationales du Bénin. Une manière pour le pays de reprendre la main dans la gestion de ses aéroports et de son espace aérien.

« La gestion des aérogares et installations commerciales, la gestion technique et l'entretien des installations aéroportuaires, la gestion et l'entretien des aérodromes secondaires devront être confiées à des structures qui en ont l'expertise et l'expérience » a expliqué le gouvernement béninois qui rappelle que le cœur de métier de l'ASECNA, « c' est la sécurité de la navigation aérienne ».

Autrement dit, pas la gestion et l'entretien des aérodromes et autres services connexes.

 Ainsi, pour acter leur volonté de prendre en charge la gestion du secteur, les autorités ont en plus de la résiliation du contrat, décidé  de « la mise en concession de la gestion des aérodromes appartenant à l'Etat béninois ».  Le ministre des Infrastructures et des transports  a d'ailleurs été déjà instruit déclencher la procédure de sélection d'un concessionnaire.

Coup dur pour l'ASECNA

Cette décision est un coup dur pour l'ASECNA et un challenge pour son nouveau directeur général, le nigérien Mohamed Moussa, qui a pris ses fonctions le 1er janvier dernier pour un mandat de quatre ans. Il reste à savoir, si l'ASECNA va continuer à gérer l'espace aérien du pays dont se chargeait l'organisation à travers un espace plus large englobant celui du Togo et du Ghana.

En Août dernier, la Mauritanie a également pris la décision de retirer la gestion de son espace aérien à l'ASECNA, une décision il est vraie plus radicale que celle que vient de prendre le Bénin, laquelle ne se limite pour l'heure qu'à la gestion des aérodromes.

Créé en 1959 et basé à Dakar au Sénégal, l'ASECNA est un établissement public à caractère international qui a pour principale mission la gestion de l'espace aérien ainsi que la fourniture des services de circulation aérienne dans ses 18 Etats membres situés essentiellement en Afrique même si la France est membre de l'organisation.