Crise gambienne : les chefs d’Etat ouest-africains trancheront à Abuja !

Après la visite des quatre chefs d’Etat médiateurs de la CEDEAO, mardi à Banjul, un sommet extraordinaire de l’organisation est prévu ce samedi à Abuja. L’organisation sous-régionale se donne donc du temps avant de décider de la marche à suivre, ce qui donne un sursis à Yahya Jammeh.

Le temps jouera-t-il en faveur de Yahya Jammeh ? C'est ce qu'espère visiblement le président sortant gambien qui continue à se cramponner à sa décision de ne plus reconnaître les résultats du scrutin proclamés le 2 décembre dernier. La mission de médiation de la CEDEAO qui séjourne à Banjul, depuis le mardi 13 décembre, a pu rencontrer le chef de l'Etat gambien ainsi que le président élu Adama Barrow. Mais c'est presque bredouille que la libérienne, Ellen Jonhson Sirleaf, présidente en exercice de l'organisation ainsi que ses homologues, John Dramani Mahama du Ghana, Muhammadu Buhari du Nigéria et Ernest Bai Koroma de la Sierra Leone, risquent de quitter la capitale gambienne. Aucune information de taille n'a été communiqué à l'issue de la visite des médiateurs, qui se sont justes contentés de déclarer à la presse que les deux parties, pouvoir et opposition, sont « disposés à négocier et que le processus va se poursuivre ».

« Nous ne sommes pas venus pour un accord, nous venons aider les Gambiens à organiser la transition. Ce n'est pas quelque chose qui peut aboutir en un seul jour, il faut y travailler ».

Sommet extraordinaire samedi prochain à Abuja

Selon nos informations, un sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement va se tenir samedi prochain à Abuja sur la Gambie. Les médiateurs y feront le compte rendu de leur séjour à Banjul avant que l'organisation ne décide de la marche à suivre pour faire fléchir Yahya Jammeh et permettre le transfert pacifique du pouvoir à Adama Barrow. C'est en effet la position de principe de la CEDEAO, soutenue par l'Union Africaine (UA) et l'ONU.

En attendant la tenue de ce sommet, la pression internationale ne semble pas faiblir mais Yahya Jammeh profite de ce sursis pour abattre toutes ses cartes. Dans un communiqué de presse, son parti  (APRC) a annoncé avoir saisi la Cour Suprême, même si en l'espèce, la procédure risque de se confronté à des obstacles d'ordre juridique. Outre le respect du délai, la juridiction suprême n'est pas en mesure à se réunir puisque les membres qui la composent ne sont pas au complet depuis mars 2015. Sauf que pour le régime de Banjul qui continue à bénéficier du soutien des responsables de l'armée, cela aura l'avantage de faire perdurer le processus de négociation. Entre-temps, le maître du pays étend son emprise avec notamment l'encerclement du siège de la commission électorale indépendante par des militaires qui se déploient progressivement dans les différents points stratégiques de la ville mais aussi du pays.

De son coté, l'opposition réunie autour de Adama Barrow continue à temporiser sur la situation en s'appuyant sur la médiation en cours avant d'annoncer également la marche qu'elle entend suivre pour faire partir Jammeh du pouvoir.

La Russie adopte une position mitigée

Alors que la communauté internationale se mobilise pour maintenir la pression sur l'homme fort de Banjul, les soutiens à l'extérieur de Jammeh peinent à se faire entendre. Aucune voix discordante n'a été jusque-là enregistrée même si la position que vient d'afficher la Russie a été diversement interprétée par les analystes et autres observateurs de l'évolution de la situation. Dans un communiqué du service de presse du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, le chef de la diplomatie Serguei Lavrov a pris acte des faits tout en indiquant suivre l'évolution de la situation.

 « Le 1er  décembre, la République islamique de Gambie a tenu une élection présidentielle. Selon ses résultats, le chef de la coalition des partis d'opposition, Adama Barrow, a gagné. Dans le même temps, le 9 décembre, l'actuel président Yahya Jammeh a déclaré que des violations ont été commises lors du dépouillement et a appelé à une nouvelle élection. Moscou suit de près l'évolution de la situation et exprime l'espoir que les différends seront réglés dans les limites de la loi ».

Une position que certains estiment assez ambiguë au regard des conséquences que peuvent engendrer la volte-face du président gambien pour la sous-région et même au delà.

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