La situation du Soudan du sud est très préoccupante. Le Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'Onu se réunit aujourd'hui en session spéciale afin d'examiner l'évolution de la situation dans le pays où les informations récentes font état de la possibilité d'un génocide en cours. Il s'agira pour les membres du Conseil, d'envisager les voies et moyens permettant de contenir la dégradation de la situation et surtout assurer la sécurité des populations civiles. Il y a un mois environ, Adam Dieng, conseiller spécial de l'Onu sur la prévention du génocide, avertissait la communauté internationale sur le cas du Soudan du sud. « Tous les signes montrent que la haine ethnique et le ciblage des civils peuvent déboucher sur un génocide si rien n'est fait pour l'empêcher » a alerté le diplomate onusien pour qui le pays risque sérieusement de sombrer. C'est entre autre, les raisons qui ont motivé la réunion d'aujourd'hui du CDH.

Le Soudan du sud subit une guerre civile depuis trois ans, avec comme conséquence des millions de déplacés et plusieurs milliers de morts. Le plan de paix négocié entre les protagonistes en juillet dernier n'a pas fait long feu. La violence ayant repris du terrain avec comme spécificité les affrontements inter-ethniques qui ne cessent de se multiplier.

Une mission du Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme qui a récemment séjourné dans le pays où elle a pu rencontrer les principaux leaders politiques tribaux, a dressé un triste sombre de la situation. « Partout où nous sommes allés dans le pays, nous avons entendu des villageois dire qu'ils étaient prêts à répandre du sang pour récupérer leurs terres... Beaucoup nous ont dit que le point de non-retour avait été atteint », a témoigné Yasmin Sooka, le chef de la délégation, avant d'ajouter qu'il y a « déjà un processus régulier de nettoyage ethnique en cours dans plusieurs zones du Soudan du Sud... [qui se traduit notamment] par la faim extrême, des viols collectifs et la destruction de villages ». Selon elle, tout est réuni pour que le Soudan du sud s'engage sur le chemin emprunté par le Rwanda il y a un peu plus de deux décennies. Un point sur lequel la mission a sollicité une attention particulière de la communauté internationale.

Situation humanitaire alimentaire

Les conflits interethniques que vit le Soudan du sud trouvent aussi leur origine dans la crise sans précédent que connaît le plus jeune Etat d'Afrique. Selon Inès Dal, chargée de programme pour le Soudan du Sud à l'ONG Première Urgence Internationale (PUI), « 1,8 millions de personnes se sont déplacées à l'intérieur du pays et 1,2 millions de personnes se sont réfugiées dans les pays voisins en Ouganda, en République démocratique du Congo ou en Ethiopie ». Un exode qui n'est qu'une partie des problèmes du pays.

Selon les chiffres de l'ONG internationale d'aide humanitaire, le taux d'inflation en juillet 2016 était de 661% dans le pays, un triste record mondial, alors que le coût des denrées alimentaires pourtant fort indispensables, est monté à 770% à la même période. En conséquence, le pays fait face à une crise humanitaire et selon l'ONU, un peu plus du quart des sud-soudanais ont besoin d'une assistance alimentaire d'urgence. Un chiffre qui pourrait exploser en 2017. Selon PUI, l'année prochaine 4,6 millions de sud-soudanais auront besoin d'une assistance alimentaire d'urgence,  soit un peu  plus du tiers de la population.

L'ONU prévoit une enveloppe de 2,5 milliards de dollars d'ici 2017 pour parer à l'urgence au Soudan du sud. L'aggravation de la crise entre juillet et décembre a surpris tout le monde et à ce stade, difficile de prévoir l'évolution de la situation d'ici janvier surtout si rien n'est fait.