Cameroun  : la BM confie la construction d'une route transfrontalière à l'armée

La Banque mondiale vient d'approuver un accord entre le ministère camerounais de la Défense et celui des Travaux publics autour des travaux de construction d'une route ouvrant sur le Nigeria et le Tchad. D'une longueur de 205 km, cette voie stratégique pour les échanges commerciaux traverse une zone menacée par Boko Haram.

C'est la première fois que la Banque mondiale (BM) procède ainsi. L'institution financière mondiale vient de cautionner l'attribution du marché de construction d'une route à l'armée camerounaise. Cette attribution fait suite à un accord passé entre le ministère camerounais de la Défense et celui des Travaux publics pour ce projet routier de 70 milliards de francs CFA.

« On a collaboré pour s'assurer qu'on peut avoir un cadre de mise en œuvre par le Génie militaire, avec des dispositions qui assurent une bonne conduite sur le plan financier, sur le plan technique et même sur le plan des relations entre les communautés et le génie militaire. Cette unité va aussi assurer la sécurité des lieux et des personnes », a confié Elisabeth Huybens, la directrice des opérations de la BM pour le Cameroun.

D'une longueur de 205 kilomètres, l'axe ouvre sur le Nigeria et le Tchad et relie les localités de Mora, Dabanga et Kousseri dans la région de l'extrême nord du Cameroun. Selon les autorités camerounaises, cet axe routier Mora-Dabanga-Kousseri est très stratégique dans les relations et échanges commerciaux entre le Cameroun, le Nigeria et le Tchad. Il s'agit de la principale voie de transit des marchandises provenant de l'Etat du Borno, au Nigeria, à destination de la région camerounaise de l'Extrême-Nord, et de Ndjamena, la capitale tchadienne. L'armée camerounaise, grâce au financement de la BM doit donc conduire les travaux avec dextérité le plus rapidement possible pour éviter des impacts négatifs sur l'économie, déjà mal en point, de ces trois pays voisins.

Jamais la BM n'avait approuvé l'attribution d'un marché au génie militaire plutôt qu'à une entreprise. Mais cette attribution est justifiée par des motifs sécuritaires.

Sécurité oblige...

Le 16 mai 2014, alors que le projet avait été confié au début, à la société chinoise Sinohydro, il a été interrompu suite au kidnapping de 10 de ses employés par des membres de la secte islamiste nigériane Boko Haram. Depuis cet incident, la peur règne dans cette zone et très peu d'entreprises se sont encore intéressées au projet. La date de livraison a été du coup repoussée au 31 janvier 2019. Il a fallu ensuite solliciter l'expertise opérationnelle de l'armée pour entrevoir le redémarrage des travaux.

Cette attribution au génie militaire jouit d'un double avantage. Premièrement, avec l'expérience dans le secteur de Travaux publics, l'armée est susceptible de réaliser un travail de qualité, respectant les normes reconnues par la BM. Deuxièmement, le chantier va jouir d'une sécurité militaire préventive qui pourra dissuader les membres de Boko Haram dans leur initiative d'attaque ou de kidnapping. Elle dissuadera par la même occasion, les braqueurs ou tout groupe de bandits de grands chemins dont l'intention aurait été d'attaquer les expatriés travaillant dans la zone.

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