PDG d'Orange Afrique : « La mise en oeuvre du dégroupage rencontre des difficultés »

Le challenger marocain des télécoms, Méditel, deviendra Orange Maroc d'ici quelques semaines. PDG d'Orange Afrique, Bruno Mettling nous explique les conséquences de ce changement de marque et ses nouveaux objectifs. Pour lui, « le régulateur marocain a certes pris les dispositions pour fixer les règles du dégroupage, mais leur mise en œuvre rencontre nombre de difficultés ».

LTA : Méditel s'apprête à passer sous pavillon Orange dans les semaines à venir. Que représente pour vous cette étape stratégique ?

Bruno Mettling : Le « re-branding » s'annonce comme une étape très importante, mais il faut apprécier le bon moment, celui quand votre relation avec l'entreprise est suffisamment solide. Le moment où vous avez bâti des relations de confiance qui permettent de poser l'évolution de la marque, sans que cela paraisse comme une dépossession d'une histoire de l'entreprise qui vous a précédé.

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A quand remonte votre intérêt pour Méditel ?

C'est en 2010 que nous avons investi dans Méditel, deuxième opérateur de téléphonie mobile au Maroc, et pendant six ans nous avons complètement assumé cette belle marque. Or, il nous a semblé que permettre aux clients marocains de bénéficier de la marque Orange était quelque chose de possible, comme cela a déjà été le cas en Egypte en mars dernier et en Tunisie il y a un peu plus longtemps. Nous faisons ainsi naître un ensemble de 55 millions de clients Orange sur l'arc Afrique du Nord-Moyen Orient : en Jordanie, en Egypte, en Tunisie et... au Maroc dans les prochaines semaines. Orange est le seul opérateur au monde à avoir fait le choix d'être présent sur deux continents : l'Europe, avec la place particulière de la France, et l'Afrique.

Comment cela s'est-il passé ?

Ce fut une décision des autorités marocaines d'ouvrir le marché du mobile à la concurrence. Il nous a été proposé d'investir avec une part significative dans le capital avec à la fois le rôle de partenaire stratégique et de pilote opérationnel de Méditel. Nous avons réfléchi à cette opportunité très rapidement car nous avions déjà un grand intérêt pour l'ensemble du marché Africain. Dès 2010, nous sommes entrés dans le capital à hauteur de 40 %. Puis ce fut la « consolidation » : une évolution interne dans la composition de l'actionnariat nous a permis de consolider Méditel en juillet 2015 pour devenir majoritaires et prendre le contrôle de la société avec un peu plus de 50 %. Même si la moitié du capital reste détenue par des partenaires marocains. Nous évoluons dans un marché d'une extrême asymétrie avec un acteur dominant, l'opérateur historique Maroc Telecom qui a 50 % du marché, alors que Méditel représente en volume « un petit » 30 % et en valeur environ 20 %. Il s'agit d'une douzaine de millions d'abonnés, exclusivement sur le segment mobile.

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Pourtant le marché marocain des télécoms n'est pas au beau fixe...

Notre objectif est de continuer à augmenter notre présence dans un marché qui est dynamique et bénéficie d'une grande stabilité. Le problème au Maroc, c'est que la valeur du marché global des télécoms est à la baisse d'environ 3 à 4 % depuis 3 ans, dû à la compétition féroce entre les opérateurs (avec une baisse des prix de 15 % à 20 %) dans un marché qui atteint un taux d'équipement de 130 %. C'est un défi d'autant plus redoutable avec la 4G qui nécessite des investissements très lourds.

Où en est précisément la 4G ?

Elle se déploie depuis un an au Maroc et on voit bien les usages qui montent en puissance pour tout ce qui est transfert de Data, de vidéo, de contenus. La 4G est un formidable rendez-vous pour favoriser la communication des échanges et l'internet sur mobile. Ce qui me frappe en regardant le marché de l'internet marocain, c'est qu'il est pratiquement à 70 % mobile. La logique voudrait que l'on rééquilibre les flux grâce à des réseaux fixes de qualité à un prix abordable.

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Vous comptez donc vous attaquer au segment fixes ?

Pourquoi ce qui a bien marché pour le mobile ne fonctionnerait pas pour le fixe ? C'est le véritable sujet posé. Dans une économie aussi développée que celle du Maroc, il serait nécessaire pour les entreprises de disposer d'un réseau fixe de qualité car des centres d'affaires se développent et le mobile ne répond qu'à une partie des besoins. Or le marché du fixe n'est pas ouvert puisque Maroc Telecom a plus de 90 % de parts de marché... Le régulateur a certes pris les dispositions pour fixer les règles du « dégroupage », mais leur mise en œuvre rencontre nombre de difficultés. Il est important que les entreprises marocaines puissent - comme le grand public - avoir accès à une offre de qualité grâce à l'ouverture du marché du fixe. L'un des grands enjeux pour Orange au Maroc est de pouvoir travailler sur des offres « fixe ». Nous sommes prêts, demandeurs et donc très impatients de pouvoir compléter notre offre. Il faut que les entreprises, comme les particuliers, puissent bénéficier pour le fixe de la même dynamique que le Maroc a su parfaitement générer sur le marché du mobile. C'est le message principal.

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