Investissement : les startups africaines francophones réduisent leur retard

33 % de croissance entre 2016 et 2015. C'est le rythme qu'ont adopté les investissements des startups technologiques en Afrique. Depuis 2012, le montant de financement en Afrique a été multiplié par 8.7 au cours des 4 dernières années pour atteindre les 366,8 millions de dollars. Une étude du Fonds de capital-risque transatlantique, spécialisé dans les technologies, Partech, montre les spécificités et les challenges de ces entreprises. Détails.
Mehdi Lahdidi

L'Afrique fait de grands pas vers l'ère de l'innovation. Cela est désormais une théorie appuyée par une analyse réalisée par Partech Ventures, un fonds de capital-risque transatlantique, spécialisé dans les technologies de l'information et de la communication et présent à Paris, Berlin et San Francisco. Selon cette étude qui a nécessité 3 ans de suivi de la dynamique de l'investissement technologique en Afrique, 77 Startups africaines spécialisées dans la technologie ont levé un total de 366,8 millions de dollars en 2016. Il faut préciser par contre que le volume donné ne comprend que les transactions supérieures à 200 milles dollars US et excluent toute opération de subvention ou de dette.

croissance des investissements dans les startups technologiques

Pour refléter la réalité du terrain, l'étude exclut également les « mégadeals », c'est-à-dire les opérations supérieures à 100 millions de dollars (tel que Jumia qui en 2016 a réussi à lever 463 millions de dollars auprès de grands groupes de plusieurs secteurs (AXA Group, MTN, Goldman Sachs, etc)).

Ce chiffre pourrait paraître petit si l'on ne considère pas le fait que ce montant avait atteint 276,5 millions en 2015, soit une croissance spectaculaire de 33% en glissement annuel ! Pour mettre ces données en perspective, si le chiffre est comparé à 2012, l'année où cette dynamique a commencé à se faire sentir, le montant de financement en Afrique dans ce genre d'activité et de structure a été multiplié par 8.7 au cours des 4 dernières années.

Anglophones Vs Francophones, le Classico

Si l'on ne ressent pas cette dynamique dans un pays ou un autre, c'est qu'elle n'est pas généralisée. Une tendance générale peut pourtant être relevé à l'étude de ces chiffres : les pays anglophones sont beaucoup plus dynamiques que les francophones. En 2016, le Nigeria a mené la course, absorbant 30% de l'investissement total (109 millions de dollars), tandis que l'Afrique francophone a continuer à occuper une part moins importante, soit à 10% (37 millions de dollars). « Le Nigeria, l'Afrique du Sud et le Kenya attirent encore en 2016 la grande majorité de l'investissement Tech sur le continent. Les autres pays, qui sont engagés dans une innovation digitale toute aussi structurante, restent sous-représentés et constituent donc une opportunité encore inexploitée pour les investisseurs », explique Cyril Collon, gérant associé de Partech Ventures.

Les investissement dans les startups technologique en Afrique par pays.

Ce n'est pas pour autant que le « retard » de l'Afrique francophone est insurmontable. « Avec 5 pays représentés cette année, l'Afrique francophone consolide sa montée en puissance, attirant plus de 10% de l'investissement total, soit 37 millions de dollars contre seulement 2% en 2015 (6 millions). Ceci renforce notre conviction que cette partie de l'écosystème est appelée à produire elle aussi ses Champions », juge l'expert.

Les financiers, les premiers à adopter la tech...

La progression des financements des startups technologiques n'est pas équilibrée non plus d'un point de vue sectoriel. L'inclusion financière a représenté 56,2% de l'investissement total, avec 206,3 millions de dollars pour 28 transactions. Il faut dire que l'absorption des finances des nouvelles innovations technologiques a été généralisé sur tous les métiers du corps financier. Ce dernier est suivi par les « Services aux consommateurs en ligne et mobiles » qui représenté 40,5%, avec 148,5 millions de dollars pour 36 transactions. Il s'agit de E/M/S-Commerce à 16,5%, EdTech (éducation) à 8%, et crypto-monnaies et Blockchain à 7,6%, Divertissement à 5,5% et HealthTech (santé) (2,5%)... Les investissements pour l'adoption de la technologie par les entreprises est également présent. Il constitue 3,3% de l'investissement total, avec 12 millions de dollars pour 13 transactions.

Ce qui est encore plus prometteur en Afrique que la croissance rapide des investissements technologiques, c'est le fait que l'écosystème n'est pas au maximum de son potentiel. En fait, la cadence accélère alors que le secteur financier « traditionnel » est toujours hésitant à franchir le pas. Le secteur bancaire est encore trop frileux avec à peine 1,5% des crédits aujourd'hui consentis qui vont vers les PME. La proportion des startups qui opèrent dans la Tech/digitale, financées par de la dette bancaire est extrêmement faible. Une situation qui oblige les startups Africaines à se boostrapper (vivre de leurs fonds propres) bien au-delà de ce qu'il serait convenu de préconiser pour un modèle de croissance optimale.

« Le manque d'accès au capital est un frein à lever. Mais la dynamique actuelle, notamment avec une structuration du plus en plus forte du Capital-Risque comme relais naturel, va clairement en ce sens », suggère Collon. En effet, les perspectives en termes d'investissement Capital-Risque dans la technologie sur le continent tournent autour d'un milliard de dollars annuel à horizon 2020. « Au rythme actuel, nous sommes convaincus que ce premier palier symbolique devrait être atteint bien avant », prévoit le dirigeant du fonds.

Mehdi Lahdidi

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