Après ceux de Johannesbourg et de Nairobi, les taximen casablancais font de la résistance à Uber

Le succès international d'Uber ne se dément pas. Les réactions virulentes des chauffeurs de taxis non plus. A peine que la startup a-t-elle calmé le jeu avec les taximen de Nairobi et Johannesbourg que ceux de Casablanca montent au créneau pour prendre à partie les chauffeurs du leader de l'économie collaborative.
Mehdi Lahdidi

Uber fait encore une fois l'objet du courroux des chauffeurs de taxi et cette fois c'est à Casablanca, la capitale économique du Maroc que cela se passe. Hier mardi, une centaine de taxis rouges ont bloqué la circulation de l'une des plus importantes artères de la ville, le boulevard Rachidi, afin de contester l'activité de l'entreprise.

Depuis quelques jours déjà, les chauffeurs de taxi mènent une véritable chasse à l'homme contre les chauffeurs Uber pour les livrer aux agents de l'autorité en affirmant que ce sont des transporteurs illégaux. Du côté du management de la startup au Maroc, on se veut rassurant.

« Certains syndicats des taximen ne voient pas d'un bon œil le progrès d'Uber puisque nous travaillons avec les taxis. 250 chauffeurs sont inscrits sur notre application, même s'ils ne n'utilisent pas tout le temps. En plus, ils profitent de plusieurs avantages comme l'exonération de la commission », explique Meryem Belqziz, la directrice générale d'Uber Maroc à la Tribune Afrique.

Pour elle, « l'application ne fait que répondre à une demande qui existe sur le terrain », surtout dans une ville où la circulation est connue pour être particulièrement difficile. De plus, même en l'absence d'une réglementation claire sur l'utilisation de ce genre d'application, cette dernière reste tout du moins tolérée. Lors de la COP22, la filiale marocaine du groupe aujourd'hui présent dans 80 pays a lancé une campagne en mettant en circulation des voitures électriques. Belqziz avance aussi qu'une discussion est lancée auprès des autorités afin d'établir une réglementation claire et adaptée pour cette activité. « Mais l'adoption du texte prend naturellement du temps, et le gouvernement est à l'écoute », rassure-t-elle.

8000 utilisateurs à Casablanca

Cela n'empêche pas l'application d'avoir le vent en poupe. Après un peu moins d'un an de son lancement, plus de 8.000 casablancais utilisent ou ont déjà utilisé l'application. La dirigeante de l'entreprise affirme aussi que d'autres villes vont être couvertes par l'application, mais pas avant que les choses ne se stabilisent à Casablanca.

Le ras-le-bol des taximen peut être compréhensible vu la difficulté de leurs conditions. Soumis à un système d'agrément, ces derniers versent 60 à 70 % de leurs recettes quotidiennes aux détenteurs d'agréments et propriétaires des véhicules. Cela leur fait un revenu mensuel qui peut varier entre les 4.000 à 8.000 dirhams (375 à 750 euros). Le gouvernement Abdelilah Benkirane, arrivé au pouvoir en 2011, avait promis de mettre de l'ordre dans le secteur. Rien de concret pour le moment.

Uber arrive dans de nouvelles métropoles africaines

Le Maroc n'est pas le seul pays africain où la startup s'est retrouvé en guerre contre les taximen. L'application disponible en Egypte, Ouganda, Nigeria, Kenya et en Afrique du Sud n'a pas eu la tâche facile partout. « Des syndicats de taximen se sont opposé à notre flotte en Egypte, au Kenya et en Afrique du sud, mais le service a survécu », argue Belqziz. L'astuce de la startup d'origine californienne ? le dialogue.

« Après moult tractations avec les autorités, des textes encadrant notre activité ont vu le jour au Kenya et en Afrique du sud. En Egypte, l'adoption d'une réglementation adaptée a franchi des stades avancées », explique la jeune chef-d 'entreprise.

Il n'en demeure pas moins que l'entreprise a l'Afrique dans le viseur. « Notre PDG Travis Kalanick a déclaré clairement que 2017 sera l'année de Afrique pour le groupe. La création de filiales dans d'autres pays africains est prévue cette année », avance Belqziz avant de conclure : « la demande d'un service de transport pas cher et rapide existe partout. Après, pour qu'on s'installe dans un pays, le seul critère c'est qu'il ait une densité urbaine intéressante pour garantir la réussite ».

Mehdi Lahdidi

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Commentaire 1
à écrit le 28/12/2016 à 23:04
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750€uro est un très bon salaire au Maroc que je sache...chez nous en France on t en donne le double mais te reprend les 2/3 car impots tva loyer etc...alors que la bas ils sont tous quasi proprio et la bouffe n est pas chère!

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