Mobile Banking : « l’Afrique est à la pointe de l'innovation bancaire à travers le monde »

Le potentiel du mobile-banking et du mobile-money en Afrique est si énorme que les entreprises ne cessent d’y trouver des opportunités. Aujourd’hui, les banques encore plus que les autres entreprises, essaient, par l’intermédiaire de fournisseurs de services digitaux, d'innover sur un marché bien avisé. Explications.
Ristel Tchounand

Dans un grand nombre de pays africains, la banque ne se résume plus seulement à ce bâtiment situé sur un boulevard de la métropole, mais va jusqu'à devenir une simple plateforme installée sous forme d'application sur un téléphone mobile, permettant à l'utilisateur de procéder à diverses opérations en tout temps et en toute heure. Ainsi, on transfert de l'argent, reçoit son salaire, paie ses factures ... grâce à son téléphone. Si les opérateurs télécoms sont les premiers, il y a quelques années, à vulgariser le mobile-money, la technique a inspiré plus d'un, Tagpay notamment. Cette fintech française fondée en 2005 et spécialisée dans la banque mobile digitale sillonne l'Afrique depuis, explorant le potentiel d'« un continent en croissance et ouvert aux nouvelles technologies ». Et pour son co-fondateur et CEO, Yves Eonnet, c'est avec raison qu'il explore tout le potentiel dont regorge le continent.

« Pourtant assez récent, le mobile banking en Afrique est une technologie qui se développe à une vitesse incroyable. Et les banques ont réalisé que sans la technologie, elles ne pouvaient pas suffisamment déployer leurs services dans ces pays. C'est beaucoup trop coûteux. Du coup, elles travaillent désormais avec des fournisseurs de services informatiques pour proposer des solutions visant à accroître la bancarisation des populations. Et l'intérêt considérable de ce développement c'est que l'Afrique devient une terre d'innovation où on va créer une nouvelle façon de faire la banque sans agence (branchless banking), des banques où l'agence est remplacée par une nappe tenue par l'agent qui n'est autre que quelqu'un de la société civile représentant la banque. Pour nous, l'Afrique est à la pointe de ce qui se fait de plus innovant en matière bancaire dans le monde », explique-t-il dans un entretien avec La Tribune Afrique.

Le paiement en magasin, le plus

Pour ce fournisseur de services digitaux aux banques, la définition du mobile-banking est simple : concrétisation d'une idée de banque « beaucoup plus souple, moins chère et adaptables aux contraintes » de l'institution classique. Ainsi TagPay propose aux établissements présents sur le continent une plateforme généralement hébergée sur le cloud et utilisable par tous les téléphones disponibles sur le marché, « même les plus vieux », souligne M. Eonnet. « Il n'y a donc pas besoin de faire un deal avec les opérateurs télécoms ou d'avoir un smartphone. Tous les téléphones fonctionnent sur cette plateforme » avec laquelle l'usager peut réaliser presque toutes les opérations de mobile banking.  Presque, parce que Tagpay prépare actuellement le déploient d'une technologie de paiement dans les magasins, suite notamment à l'accord signé avec le groupe Société générale en juillet dernier. Pour ce faire, la startup développe une technologie « Near Sound Data transfert » (NSDT) basée sur le son. « Le son c'est le plus petit dénominateur commun de tous les téléphones. Tous les téléphones savent gérer le son. On va payer avec le son pour permettre à tous les téléphones du monde de faire cette transaction », explique le jeune patron, soulignant que la technologie telle que développée par Tagpay est utilisable « même avec les vieux téléphones ».

« Le paiement en magasin est une étape incontournable pour le plein développement du mobile banking en Afrique et une plus grande augmentation du nombre de personnes bancarisées.»

Et de plus en plus de plateformes développent leur performance pour permettre aux usagers d'utiliser leur téléphone mobile pour régler leurs courses quotidienne. Avec m-Pesa au Kenya, à titre d'exemple, tout peut se payer via mobile money. Dans ce pays précurseur du paiement mobile et de la banque mobile, plus de 15 banques locales seraient en passe d'offrir une plateforme digitale.

Par ailleurs, le groupe panafricain Ecobank a récemment révélé ses ambitions dans le mobile banking visant, grâce à des plateformes développées en partenariat avec Mastercard et Visa, à se déployé dans une trentaine de pays à travers le continent. Objectif: atteindre les 100 millions de clients à l'horizon 2020. « Les banques n'ont pas d'autre choix que de regarder la banque digitale comme étant une opportunité stratégique », déclare M. Eonnet. D'après lui, les technologies bancaires actuelles basées sur les agences sont « de vieilles technologies informatiques qui ne peuvent plus évoluer. Soit elles sont destinés à rester uniquement sur ces créneaux et se retrouvent dépassées, soit elles évoluent vers la banque mobile digitale ».

Un marché déjà préparé

Déjà présent dans une vingtaine de pays d'Afrique francophone et anglophone, TagPay compte aujourd'hui sur l'entrée de la Société générale dans son capital pour se déployer dans un plus grand nombre de pays à travers le continent ou renforcer ses activités dans les pays où elle opère déjjà. Pour l'année prochaine, la fintech française compte également déployer d'autres projets en Algérie, au Maroc, au Cameroun, au Sénégal, au Nigéria, en Zambie ou encore en Ouganda. Et tous ces déploiements se font toujours en partenariat avec les banques, qu'elles soient locales ou internationales. D'après son patron, la tâche est rendue « plus facile » pour les banques grâce au travail des opérateurs télécoms précurseurs du mobile money sur le continent.

« Ils ont réussi à mettre dans la tête de tous les Africains que les téléphones mobiles savaient gérer de l'argent. Donc il n'y a pas de pédagogie à faire. Quand une banque arrive dans un pays, tout le monde sait que le téléphone mobile peut gérer de l'argent. Ce n'est pas le cas dans les autres continents. Ailleurs il va falloir apprendre aux gens que le téléphone mobile n'est pas fait que pour parler, mais c'est aussi pour faire de la banque. »

Ristel Tchounand

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