Hicham Iraqi Houssaini : « Les managers de l'exécutif en entreprise se sont approprié le sujet de la transformation digitale »

Nommé directeur général de SAP Afrique francophone début octobre, Hicham Iraqi Houssaini devra rendre le groupe « plus accessible » et répondre au plus près des attentes de ses clients. Entre pédagogie et flexibilité, il pourra s'appuyer sur la centaine de collaborateurs répartis dans 19 pays d'Afrique pour renforcer la présence du groupe sur son périmètre.
(Crédits : SAP)

La Tribune Afrique: Dans quelle mesure votre parcours professionnel vous a-t-il conduit à la tête du groupe SAP en Afrique francophone ?

Hicham Iraqi Houssaini : Je suis un « mordu » de technologie depuis l'enfance. Devenu Ingénieur en systèmes d'information, j'ai travaillé chez Nokia pendant plusieurs années en tant que directeur de compte en charge de l'opérateur télécom historique au Maroc. Puis, étant également diplômé d'un master en finances, j'ai rejoint le fonds d'investissement YALJ Group basé au Moyen-Orient, entre les Emirats arabes unis et l'Arabie Saoudite, au sein duquel je m'occupais essentiellement des questions de due diligence pour les nouveaux investissements. J'y ai également lancé une activité dans le FMCG [Fast Moving Consumer Goods ou produits de grande consommation, ndlr]. Plus tard, j'ai été débauché par Microsoft au Maroc où j'ai occupé différentes fonctions jusqu'à celle de directeur général pour une partie de l'Afrique francophone. J'ai intégré SAP il y a moins d'un mois. L'entreprise est axée sur les « business process » qui utilise la technologie pour accélérer la transformation des entreprises, c'était donc la « carte manquante » à mon parcours professionnel.

Que recouvrent, en substance, les activités de SAP en Afrique francophone ?

En 2016, SAP Afrique francophone s'est doté d'un siège au Maroc, avec une équipe qui a rapidement grandi. Notre périmètre recouvre 19 pays du nord, de l'ouest et du centre de l'Afrique. Nous disposons de plusieurs représentations nationales en Algérie, en Tunisie, en Côte d'Ivoire et au Sénégal. En 2019, nous avons inauguré un centre de compétences au niveau du hub de Casablanca avec des experts qui opèrent en Afrique, mais aussi à l'international. L'objectif est de capitaliser sur les connaissances et les retours d'expérience au service de nos clients à l'international, afin d'enrichir nos échanges en Afrique francophone [...] Nous nous adressons aussi bien aux PME qu'aux institutions ou aux multinationales. Nous comptons des clients dans des domaines aussi divers que les banques, le secteur public, le retail, l'industrie ou la technologie, et notre équipe est composée d'une centaine de collaborateurs d'une quinzaine de nationalités différentes.

A titre d'exemple, SAP collabore avec l'ONEE sur un projet stratégique à fort impact social. Cela a été rendu possible grâce à l'utilisation des technologies intelligentes qui facilitent l'accès à des besoins essentiels tel que l'électricité. Cette collaboration a permis d'améliorer l'expérience utilisateurs des clients ONEE avec le désengorgement des agences, permettant aux agents de se focaliser sur des services à plus forte valeur ajoutée. La prochaine étape est de porter cette solution, ailleurs en Afrique.

Votre arrivée à la tête de SAP Afrique francophone est-elle synonyme d'une évolution stratégique dans la région ?

Absolument ! Mon mandat repose sur le rapprochement de SAP avec les populations d'Afrique francophone qui considèrent encore trop souvent le groupe, comme une « Rolls Royce » de la Tech qui est inaccessible, car trop chère et trop compliquée à mettre en place. Je dois familiariser le groupe en Afrique francophone, car à l'échelle internationale, 80% de nos clients sont des PME. Nous allons intensifier notre communication et développer les échanges de best-practices avec les PME en leur montrant ce que l'on peut concrètement leur apporter.

Nous voulons ensuite étendre notre réseau de partenaires pour être en mesure de parler à tous types d'entreprises [...] A ce jour, nous apportons une large gamme de solutions aux entreprises. Notre suite intelligente - S4 HANA - prend en charge les processus business (finances, gestion des stocks et des achats, supply chain, production) de bout en bout, et utilise les nouvelles technologies pour accomplir des véritables innovations. Nos solutions de gestion de l'expérience  -SuccessFactors, CX, Ariba, Concur, Fieldglass...- apportent des données de l'expérience dans l'entreprise intelligente. Parallèlement, notre socle business technology platform permet une intégration et une extension agile autour des applications SAP et autonomise les clients pour contrôler et analyser toutes les données, pour obtenir en temps réel, une vue 360° de leur entreprise. Enfin, nous voulons élargir le pipeline des ressources au service de nos clients qui pensent encore trop souvent que les ressources SAP sont difficiles à trouver sur le marché.

Précisément, comment accompagnez-vous le renforcement des compétences locales ?

Nous allons utiliser nos outils pour accélérer la formation, en particulier celle des jeunes sur nos métiers. C'est dans cette optique que nous avons lancé un programme spécifique, au niveau de plusieurs pays de la région. En janvier dernier, la première promotion du Young Professional Program (YPP) a permis à des jeunes diplômés en Finance et IT d'être recrutés dans l'écosystème SAP. Les 26 sélectionnés ont bénéficié d'une formation intense de trois mois à l'Université Internationale de Tunis (UIT) et ont reçu le 23 janvier 2020, leurs certificats suite à une cérémonie de remise de diplômes que nous avons organisée en mode virtuel, compte tenu du contexte pandémique actuel. Nous avons mené la même opération en Algérie où un groupe de 27 jeunes ont été formés et certifiés en mai dernier et au Maroc en septembre 2019.

Avez-vous bénéficié de l'accélération numérique induite par les mesures de restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19 ?

La pandémie a accéléré certains champs de nos activités et notamment en matière d'expérience client. Ces derniers demandent davantage de flexibilité au regard des incertitudes sanitaires. Ils veulent contrôler au plus près leur chaîne logistique jusqu'à en arriver au flux tendu, préférant éviter d'avoir des stocks qu'il serait difficile voire impossible d'écouler pendant des périodes de confinement. Nous devons personnaliser les offres, car les clients sont devenus très exigeants. Les campagnes de mass marketing, cela ne fonctionne plus ! Il faut être très réactif aux feedbacks des réseaux sociaux aujourd'hui. Parallèlement, les projets non prioritaires, comme la transformation d'un backbone par exemple, ont décéléré. Les clients préfèrent attendre un moment plus opportun. Néanmoins, la pandémie a été un révélateur de conscience. La technologie est assez clairement apparue comme une solution.

A travers le Cloud notamment...

Effectivement, pendant la crise sanitaire, le Cloud nous a sauvés. Certains clients n'ont pas pu accéder à leur data center et les collaborateurs ne pouvaient pas se déplacer non plus, pourtant, le cloud fonctionnait. Il a même connu une accélération car il a permis de convertir des investissements en mode capex à des investissements en mode opex [...] Globalement, la pandémie de coronavirus a été porteuse d'accélération pour les acteurs de la technologie, car les managers de l'exécutif en entreprise se sont appropriés le sujet de la transformation digitale, ce qui n'était pas le cas il y a quelques mois.

Propos recueillis par Marie-France Réveillard

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