Numérique : les startups africaines doivent se préparer à l’arrivée des géants du secteur

C’est généralement sur un ton très philanthropique que Facebook évoque ses initiatives en Afrique. Et cette fois encore, l’entreprise bleue n’a pas dérogé à la règle en annonçant son parrainage du Startup Battlefield Africa 2017, organisé le 11 octobre à Nairobi. Un événement qui entend «célébrer» les meilleurs innovateurs, décideurs et entrepreneurs tech du Continent. Mais alors le débat autour des réelles ambitions de son patron Mark Zuckerberg est régulièrement relancé, que peuvent faire les entreprises africaines pour rester compétitives ?
Ristel Tchounand

«Facebook est très engagé en Afrique. Avec plus d'un milliard de personnes, il existe des opportunités commerciales dans de nombreux pays à travers le Continent. Facebook veut aider toutes les entreprises à s'y développer localement et régionalement». C'est en ces mots que Nunu Ntshingila, directrice Afrique de Facebook, présente les activités du géant américain de l'Internet et des réseaux sociaux dans un entretien accordé à Forbes en juin dernier.

Ce lundi 9 octobre, la multinationale annonce dans un communiqué diffusé par APO son parrainage du Startup Battlefield Africa 2017, un événement visant à mettre en lumière les meilleurs innovateurs, décideurs et entrepreneurs tech et organisé par TechCrunch le 11 octobre à Nairobi.

Le rôle de Facebook à cette occasion consistera entre autres à dispenser des formations, des séances d'accompagnement au bénéfice de ces entrepreneurs afin de les outiller pour le développement de leurs activités, notamment en utilisant Instagram et Facebook. L'entreprise bleue qui se dit motivée par sa «passion pour le soutien des petites entreprises et des startups en faveur de leur croissance», se dit impatiente d'en voir les résultats.

«Avec plus d'un milliard de personnes en Afrique, nous voulons faire plus pour permettre aux entreprises de la région de se connecter avec les gens. Nous sommes ravis de faire partie d'une vitrine de la façon dont les développeurs africains et les entrepreneurs technologiques autonomisent les gens et développent l'économie», déclare Emeka Afigbo, responsable des partenariats de plateforme de Facebook pour le Moyen-Orient et l'Afrique.

Philanthropie vs business ?

Le nouveau service de Facebook ne s'éloigne donc pas trop de son initiative Free Basics, lancée en 2014 pour fournir un accès gratuit et illimité à Internet via la plateforme du réseau social au moyen de partenariats avec les opérateurs télécoms des pays en développement.

A ce jour, 37 des 53 pays africains en bénéficieraient déjà. Bien que dans le cadre du Startup Battlefield Africa 2017, il n'est absolument pas question d'Internet gratuit, il est tout de même question de coacher les startups sur les moyens de développement via les plateformes du réseau social américain. De quoi relancer à nouveau le débat autour des réelles visées de Facebook sur le Continent.

D'ailleurs, le sujet a été passagèrement évoqué lors de la conférence «Africa Convergence» organisée par La Tribune Afrique le 29 septembre dernier sous le thème «Les nouveaux champions du Sud», dont l'une des thématiques centrales abordées touchait la transformation digitale. Et à ce propos, les intervenants expliquaient l'intérêt des géants mondiaux pour le Continent par ce que celui-ci représente désormais dans ce domaine. «L'Afrique est le Continent de la transformation digitale», affirmait Haweya Mohamed, patronne d'Afrobytes, suscitant l'unanimité des 350 participants à la conférence. Et Pierre-Antoine Balu, Partner chez PWC, d'appuyer : «L'Afrique est un véritable laboratoire de l'innovation».

Concernant Facebook, l'entreprise bleue met jusqu'à présent en avant des intentions philanthropiques. Depuis le lancement de Free Basics, de nombreuses voix se sont élevées pour décrier les visées capitalistiques, selon elle, occultées par la firme et la récente tournée africaine de son patron, Marc Zuckerberg, n'a fait que conforter ces thèses. L'entreprise n'a jamais avoué ses intentions et ambitions pour le Continent, mais pour Vérone Mankou, féru du numérique et PDG de VMK -une startup basée à Brazzaville et spécialisée dans la fabrication des smartphones et tablettes- la chose est on ne peut plus claire. «Il y a une logique que nous connaissons tous en Afrique, c'est que quand on veut gagner les cœurs, on fait du social», confie-t-il dans un entretien avec La Tribune Afrique.

« Composer avec»

De manière générale, «c'est une bonne chose», estime ce dernier, que les startups africaines puissent bénéficier pour leur développement de l'expertise de Facebook dans le domaine du numérique au travers de programmes comme Startup Battlefield Africa 2017. Cependant, celui communément appelé le «Steve Jobs congolais» pour avoir créé en 2011 la première tablette africaine, pense qu'au-delà du débat sur la stratégie d'intégration de Facebook ou tout autre géant du numérique sur le Continent, les startups africaines devraient, elles aussi, mettre en place des stratégies pour en bénéficier :

«Ce qu'il faut faire, à mon avis, c'est se préparer face à l'arrivée des mastodontes. Il clair aujourd'hui que Facebook vient parce que l'Afrique est un marché de plus d'un milliard de personnes qui présente un énorme potentiel en matière de TIC».

Comment alors se préparer ? «Il va être difficile de créer un réseau social africain», admet-il, se souvenant de la difficile résistance du célèbre réseau social sud-africain Mixt face à la montée de Facebook ou encore de l'échec du projet de l'UE, il y a quelques années, dans la création d'un moteur de rechercher visant à contrer Google :

«Mais nous pouvons utiliser Facebook, Google,... pour créer les technologies qui permettent aux startups africaines d'émerger. Nous n'avons pas à lutter contre l'arrivée des géants du numérique et de l'Internet, mais plutôt composer avec».

Ristel Tchounand

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Commentaire 1
à écrit le 10/10/2017 à 15:49
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Nous croyons que l'arrivé des geants du secteurs pourra sans doute faire evoluer d'une manière tres exponentielle les start-up africaines mais au dela de ça, les start-up africaines devraient creer un ecosystème pour trouver les outils adaptés afin d...

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