Gaming : un premier jeu africain au lancement du GearVR

Bien que le secteur du gaming reste hors des radars en Afrique, un petit studio marocain constitué d'une dizaine de personnes vient de lancer un premier jeu en réalité virtuelle. Le jeu produit est mis en vente dans la vitrine principale de la firme américaine. Un détail qui lui donne toute ce chances de réussite.
Mehdi Lahdidi

Une première africaine dans le domaine du gaming. Funsoft, un petit studio marocain vient de lancer son premier jeu mobile appelé « Rangi » pour Gear VR, le casque de réalité virtuelle développé par Oculus, une filiale de Facebook, en partenariat avec Samsung, le 21 avril.  Le jeu de puzzle d'aventure en réalité virtuelle est inspiré de l'art tribal, l'architecture antique, la musique et les paysages africains.

Il s'agit du seul jeu africain sélectionné par la firme sud-coréenne pour le lancement de son gadget. Prochainement, le jeu sera également disponible pour Oculus Rift et HTC Vive, les casques de réalité virtuelle qu'ont lancé Oculus Vr et le géant taïwanais HTC pour les PC.

Le jeu est commercialisé sur l'Oculus Store pour le Gear VR à 5 dollars. Il est également inclut dans un pack de 5 jeux de lancement à 20 dollars. Il sera bientôt disponible sur la plateforme dématérialisée de vente de jeux, Steam, après la sortie de sa version PC.

Bande annonce du jeu

Un jeu en réalité virtuelle en moins d'un an

Le développement du jeu a commencé en juillet 2016. « En septembre, nous sommes passés à la vitesse supérieure quand nous avons conclu avec Oculus le partenariat qui permettra au jeu de d'être mis en avant sur l'Oculus Store», explique le fondateur du studio et le responsable de la production du jeu, Hatim Bensaid à La Tribune Afrique.

Un prototype qui comporte une partie du jeu a été ainsi présenté aux testeurs et aux experts de la technologie VR pour vérifier le respect du cahier de charges de Samsung. Cette version démo a été lancée dès fin janvier 2017.

Même si ni le Maroc, ni aucun autre pays africain, ne dispose d'école ou d'institut de formation dans les métiers du gaming, les talents n'ont pas manqué pour la réalisation du projet. Il faut dire que le bref passage d'Ubisoft au Maroc, à travers son studio de Casablanca qui a fermé en juin 2016, a été fructueux. Une bonne partie de l'équipe de développeurs et designers (6/10) de Funsoft ont été formé et/ou ont travaillé chez le géant canadien du jeu vidéo, dans leurs locaux de Casablanca. C'est le cas par exemple du directeur artistique (creative director) du projet, Fabien Delpech, qui a supervisé la création de titres phares de la marque tel que Rayman ou encore « Les Lapins Crétins ». Pour le reste, il s'agit principalement d'autodidactes qui ont débuté dans le gaming mobile.

« Nous ne sommes pas différents des autres studios de jeux vidéos. Nous suivons un processus agile et créatif où nous devons expérimenter, tester et implémenter nos idées », explique Omar Guendeli, un des programmeurs (autodidactes) qui ont travaillé sur le jeu.

Les banques et les investisseurs toujours distants du secteur du gaming

Quant au volet financement, les actionnaires de Funsoft n'ont pu compté que sur eux-mêmes. Chaque centime du million de dirhams qu'a coûté la réalisation du jeu a été financé en fonds propres. Un montant qui reste bien inférieur aux financements qui se comptent en millions, voire en milliards de dollars, qu'investissent les géants du secteur. En même temps, il faut savoir que le secteur du gaming est en plein ébullition. De nouveaux moteurs de jeux (ensemble de composants logiciels qui effectuent des calculs de géométrie et de physique utilisés dans les jeux vidéo), principalement Unity, sont apparu sur la Toile, facilitant l'accès au développement aux nouveaux challengers. Du coup, un grand nombre de férus de jeux vidéos peuvent aujourd'hui produire des jeux et les mettre en vente en ligne, ouvrant ainsi un marché évalué à plusieurs milliards de dollars de chiffre d'affaires.

« Lors du Game Developers Conference (événement de la communauté des développeurs internationaux qui prend lieu annuellement à San Francisco, ndlr), nous avons rencontré des responsables d'Oculus. La firme américaine cherchait en effet des jeux qui ont du potentiel pour assurer le lancement de la nouvelle télécommande du casque GearVR, leur objectif étant d'avoir un minimum de 20 jeux au lancement. Une fois le contact établi, nous avons travaillé en étroite collaboration afin que le jeu soit prêt pour le grand jour », raconte Bensaid.

Le jeu a eu l'approbation de la firme qui a fourni les prototypes de la nouvelle télécommande de jeu et le casque pour le développement de « Rangi ».

Quand la passion fait le business

Le fondateur du studio n'est pas étranger au monde du gaming. Ce jeune marocain de 35 ans avait commencé sa carrière dans le secteur des télécoms au Canada, pour ensuite se lancer avec un partenaire, dans le secteur en lançant deux jeux free-to-play (gratuit) « qui ont bien marché ». La réussite de ces jeux a permis aux deux partenaires d'avoir les ailes pour se lancer dans une autre activité proche. En lançant « Ad4game », une régie publicitaire spécialisée dans les jeux vidéo, Hatim Bensaid a pu se construire l'expertise, mais aussi se donner les moyens pour réaliser ses ambitions dans le développement de jeux. En 2010, il rentre au pays et rapatrie une partie de son business au Maroc pour préparer la création de Funsoft qui aura lieu en 2012. Parallèlement, il se lance dans la presse spécialisée dans le jeu vidéo en mettant en ligne Mmo-play.com, un portail spécialisé dans le contenu gaming. « L'idée était surtout de se mettre à jour par rapport à l'industrie, après quoi, nous avons lancé Funsoft », explique-t-il. Aujourd'hui, le studio emploie 10 personnes et prépare un nouveau jeu gratuit dont le soft-launch aura lieu dès juin prochain.

Mehdi Lahdidi

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